Un premier projet de maison partagée pour senior en construction à Orvault
SOMMAIRE
Parmi les nombreux projets dans l’immobilier neuf à Nantes, certains revêtent une dimension plus sociale que d’autres. C’est le cas de l’habitat inclusif, que l’on voit se développer un peu partout dans la Métropole ces dernières années. Destiné en grande majorité à un public de personnes handicapées jusqu’alors, l’habitat inclusif s'adresse désormais également aux personnes âgées autonomes souhaitant retrouver du lien social via une résidence partagée. Des maisons partagées pour senior, déjà présentes dans quelques villes de France, vont donc venir s’installer dans la Métropole nantaise d’ici peu. La première accueillera ses premiers résidents dès la fin de l’année à Orvault.
Maison partagée pour seniors, un nouveau mode d’habitat inclusif
L’habitat inclusif fait l’objet d’une attention nouvelle de la part des autorités publiques comme en témoigne le rapport du Conseiller d’État Denis Pivetau et de Jacques Wolfrom Directeur Général du groupe Arcade VYV spécialisé dans le "logement santé”. Intitulé “Demain, je pourrai choisir d’habiter avec vous!”, ce rapport défend un habitat “accompagné, partagé et inséré dans la vie locale”, permettant aux personnes ne pouvant plus résider chez elles de la même manière qu’avant une alternative aux logements collectifs de type foyers de vie ou EHPAD.
“L’habitat « Accompagné, Partagé et Inséré dans la vie locale » (API), a pour projet de permettre de « vivre chez soi sans être seul », en organisant, dans des logements ordinaires aménagés à cette fin, regroupés en unités de petite taille, une solidarité de type familial, sécurisées en services, et ouvertes sur l’extérieur.”
Rapport “Demain, je pourrai choisir d’habiter avec vous !”, Denis Piveteau et Jacques Wolfrom, juin 2020
En clair, l’habitat inclusif permet à chaque résident d’être chez lui sans jamais être seul. Chaque habitant dispose de son espace personnel, est libre d’aller et venir comme bon lui semble, et des espaces communs favorisant les interactions sociales sont proposés afin de limiter l’isolement. L’habitat inclusif peut prendre plusieurs formes et vise majoritairement les personnes présentant un handicap et les personnes âgées autonomes.
Ce nouveau mode d’habitat inclusif, les maisons partagées pour seniors, se destine à une catégorie de senior ne pouvant plus rester à son domicilie, devenu par exemple trop compliqué à entretenir, mais souhaitant conserver une grande indépendance et autonomie, tout en limitant les risques d’isolement. En d’autres termes, ces maisons permettent aux seniors autonomes de vivre une “une vie collective choisie et non subie”.
Exemples de maisons partagées pour seniors en France
Plusieurs projets de maison partagée pour senior ont déjà vu le jour en France avec succès.
À Tauriac, dans le Tarn, Âges sans Frontières propose une maison partagée pour seniors, financièrement accessible (42,04€ TTC /jour) afin de permettre aux personnes âgées autonomes de se maintenir dans un lieu de vie adapté, sécurisé et convivial, ou lien et utilité sociale sont les mots d’ordre. Cette maison est, pour Josette Ancilotto, Directrice d’Ehpad et créatrice de la maison partagée de Tauriac, “un palliatif pour éviter l’isolement, la misère morale et économique” de certains seniors se retrouvant seuls dans des logements parfois trop grands, dans des endroits isolés ou à distance de leurs proches. Afin que les résidents se sentent comme chez eux, la participation aux tâches quotidiennes est encouragée et se fait collectivement, sous la supervision de gouvernantes. Des animaux tels que poules, lapins et chats sont présents. Un minibus est mis à disposition des résidents plusieurs fois par jours afin qu'ils puissent se déplacer facilement pour leurs courses, balades ou rendez-vous médicaux.
À Montreuil, en Île-de-France, la Maison des Babayagas est une maison partagée pour seniors uniquement dédiée aux femmes. La résidence propose des appartements individuels pour chacune des résidentes. Les valeurs affichées par les habitantes sont “féminisme, auto-gestion, solidarité, citoyenneté et écologie”. Plusieurs fois par mois, des repas sur le mode auberge espagnole sont organisés avec les habitants du quartier afin de maintenir un lien social fort, non seulement entre les résidentes mais également avec le voisinage.
La première maison partagée pour senior de la Métropole prévue pour fin 2022
Fin 2022, la première maison partagée pour senior de la Métropole de Nantes accueillera ses premiers résidents. C’est à Orvault, dans le quartier du Petit Chantilly que ce lieu de vie de 560m² proposera 14 studios de 22m² à 37m² avec salle de bain adaptée et kitchenette ainsi que des espaces communs de qualité. Une grande cuisine équipée et conviviale prolongée d’un salon commun et d’extérieur aménagés avec terrasses adaptées PMR, bacs potagers, local vélo et places de parking seront à disposition des résidents afin de favoriser le vivre ensemble au sein de la maison.
Le projet a pris place dans un bâtiment détenu jusqu’alors par une congrégation de sœurs, rue de la Corniche. Au-delà du potentiel de la construction, l’emplacement est également idéal, permettant une très grande indépendance aux résidents. La maison partagée pour senior se trouvera en effet dans un quartier, certes calme et résidentiel, mais disposant de toutes les commodités à proximité immédiate : commerces de bouche, supérette, coiffeur, pharmacie, services postaux et transports en commun sont joignables à pied.
Un animateur de maison partagé sera présent quelques heures par jours afin de veiller au bon fonctionnement du lieu, d’organiser des moments de convivialité entre résidents et de mettre en place certains services d’aides à la personne à la demande des résidents.
“L’objectif est de créer un collectif de seniors encore autonomes, mais qui veulent sortir de l’isolement, retrouver du lien social, ne plus entretenir d’espaces trop grands tout en gardant de l’intimité. Ce ne sera pas une colocation mais bien une maison partagée, où chacun aura une chambre-studio de 20 à 25m².”
Laure Lacourt, responsable du développement chez Hacoopa
Zoom sur la coopérative Hacoopa, porteuse du projet
La Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) Hacoopa est née en 2019 de la coopération de 4 structures locales, désireuses de développer le concept de maison partagée pour senior. Les SCOP (Sociétés Coopératives et Participatives) Titi Floris, Macoretz et Titi Services ainsi que l’association ADT 44 sont à l’origine de cette initiative.
Hacoopa a plusieurs activités, centrées autour de l’entraide et du lien social dans l’habitat :
- Le développement de solutions innovantes d’hébergements pour les personnes âgées
- La construction de logements adaptés à ces profils de personnes et favorisant la convivialité, à des loyers abordables
- La participation au maintien au domicile grâce à une offre de services à la personne adaptée
- Le développement du lien social et de l’entraide avec les habitants de la commune et les locataires du lieu de vie
- L’organisation et la cogestion des lieux de vie
- L’accompagnement de structures existantes dans le développement de leur projet d’habitat inclusif
Hacoopa reste propriétaire des maisons partagées pour senior. Par le biais de la souscription de parts sociales dans la coopérative, les locataires peuvent également devenir propriétaires collectifs de leurs logements. Les habitants des communes peuvent également devenir sociétaires de la SCIC, au même titre que les résidents, afin de soutenir le projet. Ainsi, les décisions stratégiques de la coopérative sont prises collégialement, en impliquant l’ensemble des sociétaires. Les droits de vote sont composés comme suit :
- 10% pour les collectivités,
- 10% pour les entreprises et associations partenaires,
- 20% pour les habitants des maisons partagées,
- 15% pour les salariés d’Hacoopa,
- 35% pour les fondateurs,
- et 10% pour les particuliers sociétaires.
Hacoopa a été lauréat du Prix Coup de Cœur du Public des Grand Prix de la Finance Solidaire en 2021. Créés par le FAIR et le journal Le Monde, ces prix récompensent les projets et initiatives à forte plus-value sociale ou environnementale, tournées vers l’intérêt général, qui ont bénéficié d’un financement solidaire. C’est le cas d’Hacoopa qui a réalisé en 2019 une grande levée de fonds, soutenue par France Active, la Banque des territoires et plus de 70 sociétaires.
Plusieurs projets à suivre dans la région
À la suite du projet d’Orvault, Hacoopa a déjà prévu d’autres maisons partagées pour senior dans la région. Notamment une deuxième dans la métropole nantaise, à Saint-Herblain plus précisément.
C’est tout près du quartier La Pelousière à Saint-Herblain que la SCIC a obtenu une parcelle de 2500m² en cours d’aménagement afin de pouvoir accueillir un projet regroupant deux maisons partagées et 8 habitats individuels groupés. Les maisons partagées se diviseront en 4 chambres-studios de 20 à 30m² chacune avec salles de bain et kitchenette. Les espaces communs, comme à Orvault, comprendront un salon séjour et une cuisine partagés, un espace TV/ jeux /atelier ainsi que du matériel informatique et domotique. Les habitats individuels proposeront une ou deux chambres, une pièce de vie avec cuisine et une salle de bain. Ils seront quant à eux munis d’une halle commune pouvant abriter activités et marché par exemple, ainsi que d’un espace atelier et d’une buanderie commune. Début des travaux prévus mi 2023 pour une ouverture des logements en 2025.
Un troisième projet porté par Hacoopa devrait voir le jour à horizon 2025 également, dans la commune de Machecoul-Saint-Même. À 40 kilomètres au Sud de Nantes, et 15 minutes des plages de la côte de Jade, la ville pourrait accueillir deux maisons partagées pour senior en centre du bourg. Le projet est en cours de discussion avec la municipalité.
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