Histoire de Nantes

SOMMAIRE

Capitale historique de la Bretagne, Nantes possède une histoire riche qui lui vaut un rayonnement certain dans tout l’ouest français. Ville-port qui se développe grâce à la Loire, Nantes se nomme à l’origine Condevicnum, qui signifie “confluence”. Ce n’est qu’à l’époque romaine qu’elle prend son nom actuel, dérivé de “Namnète”, peuple qui occupe alors la ville. Depuis l’Antiquité, Nantes se présente comme un véritable carrefour commercial tourné vers l’Atlantique. De nos jours, la ville s’applique à s’inscrire dans cette lignée, prospère et construit un parc immobilier nantais novateur, en réinvestissant les abords de son fleuve et ses quartiers limitrophes.

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Les différentes périodes historiques qu’expérimente Nantes avant de devenir la ville que l’on connaît, sont nombreuses et hétéroclites. Aussi, est-il opportun de brosser à grands traits les dates clés qui permettent de découvrir Nantes, des origines à nos jours.

Les prémices de la cité nantaise

C’est à l’âge du bronze qu’apparaissent les premières occupations humaines dans la ville de Nantes. En effet, les fouilles archéologiques ont révélé la présence d’armes qui auraient fait l’objet d’offrandes (hache de cuivre, pointe de lance, épées de bronze...).

Quelques écrits d’auteurs latins et grecs indiquent qu’à partir de l’âge du fer, la rive nord de l’estuaire de la Loire est occupée par des peuples celtes. Selon l’historien grec Polybe, cette présence humaine se manifeste au sein d’un port fluvial du nom de “Corbilo”, qui se trouve au confluent de la Loire et de l’océan, à l’emplacement actuel de Nantes. Après une première occupation celte, Nantes devient la capitale des Namnètes, peuple gaulois.

Les Namnètes se voient vaincus par César en 56 av. J.-C. C’est alors que la cité prend le nom latin de Condevicnum et devient chef-lieu du territoire. Au cours de cette période, la cité a moins d’influence que sa voisine Ratiatium (“Rezé”), où vivent les Pictons. Sous l’emprise de César, la cité est rebaptisée “Portus Namnetus” qui donnera son actuel nom à la ville.

Au IIIème siècle, la ville qui est alors christianisée, connaît l’invasion des Saxons et des Francs.

De nombreux contes et légendes entourent l’Histoire de Nantes, plus particulièrement portés sur la vie de Saints comme Saint-Clair, qui, lui-même aveugle, aurait permis à des aveugles de retrouver la vue, ou encore Saint-Gohard-de-Nantes, qui aurait ramassé sa tête pour se rendre en bord de Loire après avoir été décapité par les Normands.
Quelles légendes locales marquent la culture nantaise ?

Du Moyen-Âge à la Renaissance, menaces et puissance

C’est aux Vème et VIème siècles que le peuple breton s’installe à Nantes après avoir été chassé des îles britanniques par les Anglais et les Saxons.

Suite à la menace barbare du IIIème siècle, ce sont les Normands qui détruisent la cité au IXème siècle. Aussi, les remparts ainsi que l’armée ont leur pleine et entière fonction au cours de cette phase et jusqu’à la fin du Moyen-Âge.

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Si ces fortifications n’ont pas résisté au temps, quelques vestiges d’une enceinte gallo-romaine subsistent, notamment au pied de la porte Saint-Pierre. Les portes Saint-Pierre et Sauvetout, quant à elles, datent du XIIIe siècle, et font à l’époque partie d’une enceinte plus vaste, qui comprenait quatre portes.

Au XVème siècle, Jean V, François II ainsi que Anne de Bretagne font de Nantes la capitale de la Bretagne. Le château des ducs de Bretagne ainsi que la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul deviennent le lieu de la puissance ducale. Au sein de la résidence princière, 600 personnes se fréquentent et s’adonnent à une vie de cour marquée par la Renaissance et par les jeux de pouvoir politique.

Le Traité de rattachement de la Bretagne à la France, acté en 1532, signe la fin de l’indépendance de la Bretagne.

La langue régionale : le breton

Si la langue bretonne n’a jamais été souveraine dans la ville de Nantes, sa pratique y est cependant attestée dès le Haut Moyen-Âge. En effet, les études de plusieurs chercheurs tendent à prouver l’origine bretonne de certains noms de villes comme Carcouët ou encore le Grezou.

Quels autres indices font du breton la langue historique de Nantes ?
Outre la célèbre Anne de Bretagne, plusieurs personnalités ont marqué l’histoire de la ville de Nantes. C’est notamment le cas de l’écrivain Jules Verne, qui poursuit une carrière juridique dans la cité des Ducs avant de prendre le chemin qu’on lui connaît.
Jacques Demy, fameux réalisateur des “Parapluies de Cherbourg” et de “Peau d’âne” est lui aussi un enfant du pays : il a d’ailleurs donné son nom à la plus importante médiathèque de Nantes, située au 24 quai de la Fosse.
Plus proche de nous, l’on peut enfin citer Héloïse Letissier, plus connue sous le pseudonyme Christine and the Queens. Avant ses cinq nominations aux Victoires de la Musique, la chanteuse avait effectué un parcours secondaire au sein du lycée Clemenceau de Nantes.
Quels personnages publics sont aussi Nantais que Anne de Bretagne ?

Commerce triangulaire : l’opulence coupable

À compter du XIIIème siècle, le commerce se fait par voie fluviale et maritime en direction de l’Europe (Espagne, Portugal, Hollande). Les produits locaux tels que le poisson, le vin de Loire ou encore le sel de Guérande, sont exportés. La fonction commerciale de la ville se polarise entre le quartier du Bouffay et l’actuelle place du Commerce (anciennement place du Port-au-vin).

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Les premiers échanges commerciaux avec les “îles” signent le commencement du commerce négrier transatlantique : nous sommes en 1671. Au cours du XVIIIème siècle, Nantes connaît une croissance significative : ce ne sont pas moins de 2.000 embarcations qui font escale dans la ville chaque année. Cette opulence résulte d’un troc fondé sur l’échange de marchandises contre des prisonniers africains. Ils sont ensuite vendus comme esclaves en Amérique et travaillent dans les plantations. Cette exploitation permet aux marchands de s’offrir des denrées inexistantes en Europe : coton, tabac, sucre, indigo, café.

Les hôtels particuliers du quartier Graslin, du quai de la Fosse ou encore de l’île Feydeau, sont les témoins honteux de la richesse produite par la traite de noirs. Le musée d’Histoire de Nantes ainsi que le Mémorial de l’abolition de l’esclavage commémorent ce passé coupable, longtemps refoulé.

La Révolution française, période de troubles

La ville de Nantes est ouverte à la pensée de la Révolution du fait d’une bourgeoisie conquérante qui se trouve brimée par les impératifs douaniers. Plusieurs épisodes viennent troubler l’histoire de Nantes : l’attaque de Nantes, la mort du militaire vendéen Charette ainsi que les noyades de Carrier.

Républicaine, Nantes se trouve sur le front de la révolte vendéenne, qu’elle prive d’un port qui aurait permis de recevoir l’aide anglaise. En 1793, l’armée catholique et royale attaque la ville : c’est la bataille de Nantes. Les soldats de la ville résistent et parviennent à faire battre les insurgés en retraite. Deux généraux vendéens périront au cours de cette période : Jacques Cathelineau est mortellement blessé tandis que le lieutenant général de Charette est exécuté.

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Jean-Baptiste Carrier, représentant du peuple missionné par la Convention, instaure une véritable politique de la terreur : près de 14.000 personnes sont emprisonnées, certaines sont guillotinées ou fusillées. Le typhus ainsi que les noyades dans la Loire viennent compléter ce tableau assassin. En effet, Carrier met au point une méthode d’exécution consistant à ligoter les prisonniers pour les placer dans un bateau dont le fond s’ouvre sur le fleuve. Cette “baignoire nationale” incommode cependant les Nantais, qui se plaignent. Cela aboutit à l'exécution de Carrier peu après son retour à Paris en 1794.

En 1799, des insurgés royalistes parviennent à occuper la ville pendant plusieurs heures sous la houlette de Pierre Louis Godet de Châtillon et Louis d’Andigné.

Le XIXe siècle : début de l’industrialisation

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Le développement économique de Nantes est désavantagé à plusieurs égards : ensablement de la Loire, blocus continental voulu par Napoléon, abolition d’un esclavage source de richesse, fabrication du sucre - jusqu’alors importé - à partir de la betterave, essor du chemin de fer, qui vient concurrencer le transport fluvial.

Néanmoins, la ville parvient à se reconvertir en investissant le terrain de la biscuiterie, de la conserverie, de la métallurgie et de la construction navale (135.000 tonneaux produits). Les usines BN (Biscuiterie Nantaise), LU (Lefèvre-Utile) et Saupiquet sont les dignes descendantes de cette époque. Moins connue, l’industrie de l’indiennage - impression de tissus de coton - connaît également un bel essor : elle emploie près de 1.000 Nantais en 1733. L’activité sera finalement reprise par les Suisses et les Allemands immigrés en France.

Dès 1856, Saint-Nazaire sert d’avant-port à Nantes. Le commerce maritime connaît un nouvel élan à la fin du siècle, grâce aux dragages de la Loire. Le pont transbordeur (un pont à nacelle), inauguré en 1903 dans l’optique de faciliter la traversée de la Loire, reste emblématique de cette période bien qu’il décline en 1958.

Une invention sans précédent français vient renforcer l’attractivité de Nantes en 1879 : un réseau de tramways qui fonctionnent à l’air comprimé. Il est aujourd’hui remplacé par un service d’autobus.

Le XXème siècle, un nouveau visage pour la ville

Le comblement des anciens bras de la Loire permet aux îles Feydeau et Gloriette d’être reliées à la rive droite du fleuve. Un tunnel rend possible le détournement de l’Erdre. Cette opération permet de résoudre les difficultés de circulation ainsi que les problèmes d’insalubrité vécus jusqu’alors.

Autrefois surnommée “La Venise de l’Ouest”, Nantes était effectivement tout autre avant ces vastes travaux : le château de Ducs de Bretagne était immergé, l’Erdre coulait à la place du Cours des Cinquante Otages et Gloriette ainsi que Feydeau étaient véritablement des îles !

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Par ailleurs, les marais voient fleurir une culture maraîchère composée de poireaux, de navets ou encore de carottes. Les plantations de fleurs ainsi que la viticulture profitent elles-aussi des bénéfices de ces terres humides. Aujourd’hui encore, Rezé, commune périphérique de Nantes, héberge le deuxième plus grand marché d’intérêt national après celui situé à Rungis (MIN).

Quelles sont les spécialités culinaires de la région nantaise ?

Les bombardements de la seconde guerre mondiale font plusieurs milliers de victimes et détruisent en partie le centre de Nantes. L’affaire des Cinquante Otages afflige également la ville : 48 otages sont fusillés par les Allemands en guise de sanction suite à l’assassinat du Feldkommandant par trois communistes. Cet épisode vaut à la ville la distinction de “Compagnon de la Libération”.

Les industries nantaises sont frappées de plein fouet par la crise économique à compter des années 60. Les chantiers navals Dubigeon ferment dans les années 80 et les usines LU déménagent à La Haye Fouassière. Nantes n’a d’autres choix que de s’orienter vers une économie nouvelle : elle choisit le tertiaire.

XXIème siècle, Nantes renoue avec son passé

Depuis l’entrée dans les années 2000, la ville a engagé de nombreux chantiers à même d’en faire un lieu de vie toujours plus agréable :

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Avant le lancement de ces grands projets urbains, la ville connaissait déjà un succès certain : en 2004, Nantes était désignée “ville la plus agréable à vivre en Europe” par le Magazine américain “Time”. En 2013, la cité des Ducs se voyait remettre le titre de “Capitale verte de l’Europe” par la Commission européenne.

Le maître-mot en matière d’urbanisation à Nantes semble actuellement être le respect de son héritage. Toutefois, l’architecture contemporaine parvient à se faire une place dans une ville jusqu’alors classique. L’Île de Nantes est en passe de changer de visage sans pour autant renier son passé industriel. Le site des Chantiers se présente dorénavant comme une promenade attirant Nantais et touristes. L’ancienne usine de la marque LU, située dans le quartier Madeleine Champ-de-Mars, est désormais une scène nationale qui, en guise de clin d’oeil, prend le nom de “Lieu Unique”. Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, érigé en 2012, est un véritable espace commun ouvert sur la Loire.

L'urbanisme et l'architecture à Nantes