Au Nord et au centre, la rénovation de Nantes s'accélère

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le 30 novembre 2018

[ mis à jour le 06 avril 2022 ]

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©Jibi44

Nantes accorde un soin particulier à la qualité de vie de ses habitants, et c’est d’ailleurs bien souvent ce qui la distingue parmi les métropoles françaises. Cet automne, la municipalité a annoncé le lancement de plusieurs grands travaux de rénovation, de requalification, de réaménagement… D’opérations visant à améliorer les conditions de vie en ville en somme, tout en préservant le patrimoine, et en le mettant en valeur.

Le projet global de rénovation des quartiers Nord, gros morceau de ce chantier, s’est vu accorder au mois d’octobre un financement à 100% par l’Anru, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. C’est, notamment, le caractère participatif du projet, pensé comme souvent à Nantes en concertation avec les habitants, qui a joué en sa faveur. Les travaux devront commencer en 2019, et s’achever à l’horizon 2023.

Côté centre-ville, alors que débutent les travaux du projet Fleuriot de Langle, inscrit dans le plus large plan de réaménagement du quartier Feydeau-Commerce, la carrière Miséry s'apprête à voir l’immeuble Cap 44 requalifié et revalorisé.

Des vestiges sous le futur bâtiment de verre de la place du Commerce

Les travaux du projet Fleuriot de Langle ont démarré. Tout en verre, déployé sur trois étages, l’immeuble contemporain de 25 000 m2 qui se tiendra en lieu et place du square Fleuriot, entre la place Royale et le pôle d’échanges Commerce, a commencé de s’ériger.

Réalisé par l’agence Plaferorm Architecture et l’entreprise Eiffage en plein cœur de la ville, à deux pas de la place du Commerce, le projet doit accueillir d’ici fin 2019 une grande enseigne commerciale, des logements neufs et une placette arborée.

Valoriser l’attractivité commerciale de la place

Le bâtiment accueillera une grande enseigne commerciale, ainsi que six logements au 3e étage. Sa mise en chantier signe les débuts de la transformation de la place du Commerce et de ses abords, ce projet « Feydeau-Commerce » qui vise à rendre l’espace aux piétons et à faire la part belle à la nature en ville, tout en valorisant le patrimoine et en redynamisant l’offre commerciale.

En concertation depuis 2017, le projet a dû commencer par une longue phase de préparation : autorisations commerciales, permis de construire soumis à l’approbation de la DRAC et des Architectes des bâtiments de France, travaux préparatoires sur les réseaux électriques et d’assainissement, et des fouilles archéologiques. À l’arrière du bâtiment, une placette arborée pouvant accueillir une terrasse de café améliorera également la qualité urbaine du quartier.

Le chantier révèle des vestiges archéologiques du Moyen-Âge

Situé dans le cœur historique de Nantes protégé par le Plan de sauvegarde et de mise en valeur du centre-ville (PSMV), le chantier a nécessité un diagnostic archéologique, qui aura finalement donné lieu à une modification du projet architectural initial. En cause ? La découverte de vestiges de l’enceinte fortifiée de Nantes datant du Moyen-Âge, une partie de la muraille de la tour du Connétable.

Réalisées de janvier à avril 2018, ces fouilles ont permis de mettre au jour ces trésors historiques et patrimoniaux de la ville de Nantes, et donc de les préserver comme il se doit. Si l’aspect extérieur du bâtiment qui doit s’élever sur les vestiges reste inchangé, un plancher de verre au sous-sol permettra de mettre en valeur les restes de la muraille et de rendre ce patrimoine visible du public.

Les travaux, qui se dérouleront dans un environnement urbanisé contraint, devront respecter la circulation piétonne et cyclable tout en permettant l’activité des commerces voisins, qui resteront accessibles tout le temps du chantier.

Vers une requalification complète du quartier

Le projet Fleuriot de Langle participe de la requalification complète du secteur Feydeau-Commerce, imaginée par la paysagiste Jacqueline Osty, notamment responsable de la revalorisation des berges de Seine rive gauche, du zoo de Vincennes, de la place Bellecour à Lyon ou de la promenade des Sables d’Olonne.

Ce plan de réaménagement du quartier veut redonner à l’allée Brancas, ancien quai de Loire, son alignement architectural historique, tout en valorisant les perspectives depuis la rue Sainte-Catherine et vers les places Royale et Félix-Fournier. Au Sud, le projet s'organisera autour de quais-jardins, espaces publics aux ambiances vertes pour se poser, se croiser ou attendre une connexion au calme. L'eau y trouvera aussi une place sans que les formes exactes ne soient encore arrêtées. « Il est essentiel de pouvoir contempler le monde vivant végétal en plein cœur de la ville et percevoir les saisons au fil du temps », estime Jacqueline Osty.

Mis à part la ligne 1 du tramway, le secteur n’accueillera plus de circulation motorisée. Premier pôle de transport public de Nantes, Feydeau-Commerce sera libéré des arrêts de bus (lignes C2, C3, 11, 26 et 54), qui seront déplacés cours des 50-Otages, de même que de la navette aéroport et des taxis, qui seront repositionnés à l’Ouest. En échange, il fera la part belle à un large plateau piétonnier, aux allées, fontaines et bancs. L’objectif ? « Faciliter les flux piétons » et « renforcer l’attractivité du centre-ville » .

La place du Commerce verra ses marches remplacées par une pente progressive, mais elle évoluera peu en elle-même. Le marché aux fleurs, qui connaît une désaffection croissante ces dernières années, sera supprimé.

En ce qui concerne l’aménagement paysager, plusieurs platanes seront abattus pour laisser passer davantage de lumière et « dégager des vues sur les magnifiques façades » Nord de Feydeau, aujourd’hui masquées par des rideaux d'arbres. Ginkgos, tulipiers, gleditsia… En contrepartie, de nombreuses essences variées en couleurs et en feuillages devraient venir peupler les lieux. Et afin de « créer un petit événement lors de la floraison », un large parterre sera planté d’iris. Pensée dans cette perspective, la plantation du quartier « évoluera au rythme des saisons ». Enfin, quelques fontaines plates et jets d’eau viendront évoquer aux passants la « présence passée de la Loire à cet endroit » .

Les travaux sur les espaces publics débuteront en 2019, d’abord côté allée Dugay-Trouin. La rénovation de la station de tramway et la mise en place du nouveau plan de circulation des bus s’effectuera en 2020. La fin du chantier est prévue pour 2021. Coût des travaux : 28,4 millions d’euros, entièrement à la charge de Nantes Métropole.

© Photo archives Presse Océan - Nathalie Bourreau

Le bâtiment Cap 44 préservé et transformé

L'ancienne minoterie sera partiellement sauvegardée, c’est ce qu’a annoncé Johanna Rolland, la maire de Nantes, le mardi 13 octobre. Cet imposant bâtiment à l’esthétique discutable, qui se dresse entre la Loire et la carrière Miséry, devait un temps être démoli, mais il sera finalement conservé et « transformé » .

Implanté dans la friche de 3,5 hectares où vient de démarrer le chantier du Jardin extraordinaire, dont la livraison est prévue fin 2019, le nouveau Cap 44 jouxtera donc le futur Arbre aux hérons, qui doit s’ériger d’ici 2022, au grand dam de ses concepteurs qui s’étaient prononcés en faveur d’une démolition.

Valoriser le patrimoine architectural et industriel de la ville

Après six mois de concertation, la maire de Nantes a annoncé la conservation et la requalification de l’immeuble Cap 44, pour des raisons essentiellement historiques et patrimoniales. « Nous avons voulu prendre le temps de la réflexion car cette décision n’avait rien d’évident », a-t-elle commenté.

Parmi les premiers au Monde à être construit en béton armé selon le procédé Hennebique (du nom de l’ingénieur français auteur de brevets pour des systèmes constructifs en béton armé), cette ancienne minoterie abritait autrefois Les Grands moulins de la Loire.

Érigé en 1895, le bâtiment s’est transformé en bureaux dans les années 1970, et s’est vu déserter ces dernières années. Mais il reste un témoin et un symbole précieux de l’Histoire architecturale, industrielle et commerçante de la ville de Nantes.

« La minoterie a fourni en farine la biscuiterie LU et de nombreuses boulangeries nantaises. Quant au procédé Hennebique, il était révolutionnaire dans le monde entier à l’époque.
C’est important de garder une trace de ce savoir-faire »
Olivier Château, adjoint au maire en charge du patrimoine

En matière de transformation esthétique, le Cap 44 se verra surtout débarrasser de son bardage bleu. Seule la partie Ouest, jugée la plus remarquable, conservera la totalité de sa hauteur. Elle devrait même intégrer un belvédère sur son toit ! La partie Est, elle, sera abaissée dans des proportions qui restent encore à l’étude, afin de libérer la vue sur la Loire.

Le bâtiment conservera à l’intérieur un étage témoin du procédé Hennebique, et son rez-de-chaussée sera ouvert au maximum pour « donner de la transparence » et offrir un panorama sur la carrière et le fleuve.

Repenser le lieu pour de nouveaux usages

Les nouveau usages du bâtiment ne « sont pas arrêtés », mais deux priorités ont été retenues :

  1. garder un « espace de proximité » pour les riverains du quartier Chantenay
  2. consacrer « au moins 1.000 m2 » à des « activités inspirées de l’univers de Jules-Verne »

Une plateforme en ligne reste ouverte depuis les débuts de la concertation, pour recueillir les propositions des Nantais, sollicités désormais sur les usages du bâtiment.

Les travaux débuteront mi 2020 pour une livraison d’ici à 2022. Ce compromis, préférant la transformation à la démolition, a été présenté et défendu par le Collectif des associations du patrimoine industriel et portuaire nantais et par Bernard Reichen, l’architecte en charge du renouvellement urbain du quartier Bas-Chantenay.

S’il n’est pas pour réjouir Pierre Oréfice, le directeur des Machines de l’île, le projet de requalification du Cap 44 se veut pourtant bien intégré dans le futur espace urbain qui se dessine ici. Il faudra de toute façon que la cohabitation se fasse, d’autant que d’après les dernières annonces, l’installation de services liés à l’Arbre aux hérons voisin (restauration, boutique…) « n’est pas exclue » .

© Ville de Nantes

Ce mardi 27 novembre, les élus métropolitains ont profité de la Rencontre de quartier pour présenter les derniers avancements du projet global de rénovation des quartiers Nord de Nantes à l’horizon 2030. Ce programme de réaménagement, d’un coût de 125,1 millions d’euros, est sur toutes les lèvres des habitants. Ce sont ainsi plus de 200 personnes qui se sont massées pour venir écouter la maire de Nantes, venue faire le point sur ce projet qui doit profondément redessiner le visage du Bout-des-Pavés, du Chêne-des-Anglais et de la Boissière.

L’Anru soutient à 100% ce projet concerté

« Le projet global de Nantes Nord est, de tous les projets de rénovation des quartiers prioritaires actuellement en cours dans l’Hexagone, celui qui a obtenu le plus important soutien financier de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).
Avec Myriam Naël, nous avons défendu bec et ongle devant la commission d’obtention des aides la nécessité d’inclure dans le projet la destruction du centre commercial de la Boissière. C’est parce que ce point a été porté par les habitants et les usagers du quartier qui ont participé à l’élaboration du plan guide que nous avons obtenu gain de cause. »
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole

Et en effet, en octobre 2018, l’Anru a accordé son soutien financier au projet global, marquant le coup d’envoi du programme de rénovation.

Comme souvent à Nantes, ce projet urbain s’est d’abord construit par la concertation. Celle-ci, longue de deux ans et demi et ayant mobilisé quelque 2500 personnes, usagers et habitants des quartiers Nord, a permis d’aboutir à un « plan guide » qui servira de feuille de route pendant les travaux. La plateforme Nantes&co reste également ouverte pour recueillir remarques, avis et idées concernant le projet global Nantes Nord.

Vers une amélioration de la qualité de vie

Le projet ambitionne de redynamiser ce secteur de Nantes quelque peu délaissé, pour lui offrir le renouveau qu’il mérite.

« Ce n’est pas seulement un projet urbain. C’est avant tout un projet humain qui va améliorer tout de suite la vie et le quotidien des habitants. »
« Notre intention est d’agir sur quatre fronts : mettre en valeur le paysage, faciliter les déplacements, rééquilibrer les lieux de centralité et adapter les logements à la vie actuelle. » Myriam Naël, conseillère métropolitaine en charge de la politique de la ville

« La transformation, fruit de deux ans d’échanges avec les habitants, sera d’ampleur », assure Jean-Marc Bicat, architecte et paysagiste de l’agence Germ et Jam en charge du projet Nantes Nord. Pour diversifier l’habitat et faciliter les cheminements dans le quartier, la tour du 8 rue Samuel de Champlain et une petite barre rue de Vancouver seraient démolis. Plusieurs immeubles doivent également être réhabilités ou réaménagés en résidence.

Sources :

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