Budget 2025 bloqué : la motion de censure menace le secteur du logement
SOMMAIRE
- Des mesures budgétaires en suspens : une menace pour le neuf
- PTZ : report de l'élargissement
- Assouplissement de la ZAN en suspend
- Un impact potentiellement massif sur les entreprises du bâtiment
- Des répercussions inquiétantes pour les ménages
- Pas de sursis pour les propriétaires de passoires thermiques
- Un secteur en attente d’une issue politique
Ce soir, les députés se prononceront sur la motion de censure déposée contre le gouvernement, une décision qui pourrait bouleverser l’équilibre politique et économique du pays. Si elle est adoptée, cette motion entraînera la chute du gouvernement, laissant en suspens l’adoption du projet de loi de finances 2025 (PLF). Pour le secteur immobilier, déjà en crise, ce scénario représente une source d’inquiétude majeure.
Des mesures budgétaires en suspens : une menace pour le neuf
Les promoteurs et professionnels de l’immobilier alertent sur les conséquences d’un blocage budgétaire, qui pourrait contraindre la France à fonctionner sur la base du budget 2024. Ce dernier, jugé inadapté aux défis actuels, n’intègre aucune mesure de soutien au neuf, à l’ancien ou à la rénovation énergétique. Les impacts sur l’emploi, les entreprises et les ménages seraient considérables.
PTZ : report de l'élargissement
Le projet de loi de finances 2025 prévoyait des dispositifs potentiellement salvateurs pour soutenir le marché de l’immobilier neuf. Parmi eux, l’élargissement du prêt à taux zéro (PTZ) à l’ensemble du territoire et aux maisons individuelles devait permettre de faciliter l’accès à la propriété, notamment pour les jeunes ménages. Actuellement limité aux appartements neufs en zones tendues , le PTZ est perçu comme un levier crucial pour relancer la demande.
« Si le budget n’est pas voté, l’absence de ces mesures va accentuer la chute des ventes dans le neuf », prévient Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). Cette situation s’ajoute à l’incertitude autour du dispositif Pinel, qui devait initialement être prolongé jusqu’en mars 2025. Ce mécanisme fiscal soutient chaque année entre 30 000 et 50 000 logements neufs, un volume désormais compromis.
Assouplissement de la ZAN en suspend
Par ailleurs, les discussions sur l’assouplissement du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) sont également en danger. Cette réforme, portée par plusieurs sénateurs, vise à permettre la construction de logements près des zones d’activité économique en ajustant les objectifs environnementaux. « Sans ce type de réforme, de nombreux projets immobiliers resteront bloqués, aggravant la pénurie de logements », explique Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).
Un impact potentiellement massif sur les entreprises du bâtiment
Le bâtiment, moteur de l’économie et de l’emploi local, pourrait être gravement touché par un blocage institutionnel prolongé. Avec 150 000 emplois directs et 20 000 entreprises déjà fragilisés par la baisse des permis de construire (-30 % sur un an), la situation risque de se détériorer davantage. « L’absence de budget adapté met directement en péril les entreprises du secteur, en particulier les petites et moyennes structures », alerte Olivier Salleron.
Moins de mises en chantier signifie moins de commandes pour les entreprises du bâtiment, réduisant leur activité et menaçant leur rentabilité. Dans ce contexte, les retards dans l’adoption de mesures budgétaires aggravent l’incertitude pour les professionnels, qui doivent également faire face à l’augmentation des coûts de construction.
Des répercussions inquiétantes pour les ménages
Pour les ménages, l’absence d’un budget 2025 aurait des conséquences directes sur leur capacité à accéder à la propriété. Le retour au budget 2024 ne leur offrirait aucun soutien supplémentaire, alors qu’ils doivent déjà composer avec des taux d’intérêt élevés et une inflation persistante. Sans l’élargissement du PTZ et d’autres aides, de nombreux projets d’achat risquent d’être reportés ou annulés.
Le marché locatif, lui aussi, pourrait subir les effets d’une paralysie budgétaire. L’arrêt prématuré du dispositif Pinel limite l’arrivée de nouveaux logements locatifs, exacerbant la pénurie dans les zones tendues et augmentant la pression sur les loyers. Cette situation aggrave les difficultés des ménages modestes, déjà confrontés à une crise du logement sans précédent.
Pas de sursis pour les propriétaires de passoires thermiques
En outre, les propriétaires de logements classés G, les fameuses « passoires thermiques », s’inquiètent des conséquences d’un blocage législatif. À partir du 1er janvier, ces logements pourraient être jugés indécents, exposant leurs propriétaires à des sanctions légales et à l’obligation de réaliser des travaux de rénovation énergétique. Faute de fonds ou d’aides simplifiées, ces propriétaires risquent de se retrouver dans une impasse.
Un secteur en attente d’une issue politique
La situation actuelle place le secteur immobilier dans une position de grande incertitude. Les mesures budgétaires attendues pour 2025, qu’il s’agisse du PTZ, du Pinel ou des réformes liées au ZAN, étaient perçues comme des leviers indispensables pour enrayer la crise.
Leur suspension, même temporaire, pourrait avoir des effets durables sur le marché.
Face à ce contexte, les acteurs de l’immobilier appellent les décideurs politiques à agir rapidement pour adopter un budget adapté aux besoins du secteur. « Chaque jour de retard met des milliers d’emplois en péril et compromet la relance de la construction », alerte la FFB. Pour les promoteurs, les investisseurs et les ménages, une issue rapide à cette crise politique est essentielle pour éviter une paralysie prolongée.
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