« C’est trop ». Nantes Métropole renonce au projet de l’Arbre aux Hérons
SOMMAIRE
- Arbre aux Hérons à Nantes : un sacrifice au profit de l’économie et de l’écologie
- Arbres aux Hérons à Nantes : Les réactions à chaud de Pierre Oréfice et François Delarozière
- Que va devenir le projet de l’Arbre aux Hérons et ses créatures ?
- Arbre aux Hérons à Nantes : Retour sur un projet de haut vol
- Un incroyable défi technique
L’arbre aux Hérons, qui devait être le successeur du Grand Éléphant et du Carrousel des Mondes Marins, deux attractions qui font le succès des Machines de l’Île ne verra finalement jamais le jour.
L’idée de prendre littéralement son envol en faisait rêver plus d’un mais le coup de massue est tombé ce jeudi 15 septembre 2022. Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole renonce définitivement au projet.
Imaginée par Pierre Oréfice et François Delarozière, créateurs des Machines de l’Île, cette nouvelle œuvre touristico-culturelle avait pour ambition de faire rayonner la Cité des Ducs sur le plan national, mais également de la dévoiler à l’international.
Cette gigantesque structure métallique végétalisée de 35 mètres de hauteur aurait dû révéler tout le potentiel de la carrière Misery au Jardin Extraordinaire, en bords de Loire, dans le secteur Bas-Chantenay.
Cette semaine, la rédaction sort de ses sentiers battus et vous transporte au cœur du projet de l’Arbre des Hérons à Nantes, prévu initialement pour 2027 et qui aurait sans doute donné un coup de boost à l’immobilier neuf nantais.
Arbre aux Hérons à Nantes : un sacrifice au profit de l’économie et de l’écologie
Dans les tuyaux depuis plus de deux décennies, le projet de l’Arbre aux Hérons à Nantes vient d’être annulé par la métropole. Une décision ferme et définitive, bien que contestée par les principaux acteurs du projet. Entre les modalités de réalisation de la structure, et la hausse de l’enveloppe budgétaire du projet, cela en est trop pour Johanna Rolland qui préfère dire stop.
Estimé à ses débuts à 35 millions d’euros, le projet a déjà été réévalué à hauteur de 52,4 millions d’euros en 2021. Maintenu une première fois, c’était sans compter la conjoncture actuelle et la flambée des coûts de construction. La hausse des prix des matériaux et notamment de l’acier ont élevé le budget total à 80,4 millions d’euros selon une nouvelle étude administrative.
Un investissement jugé trop élevé trop risqué pour Johanna Rolland qui en plus de cela pointe du doigt le contexte climatique actuel et les urgences liées à la crise sociale.
”Nous sommes aujourd’hui au bout de l’instruction menée avec méthode, rigueur et transparence, nécessaire à tout projet. […] Avec Fabrice Roussel, 1er vice-président de Nantes Métropole, il nous apparaît aujourd’hui qu’un projet d’Arbre aux hérons à 80 millions d’euros, c’est trop. Trop parce que ce montant ne permet à l’évidence pas de respecter le principe fondamental d’un financement en trois tiers que j’ai toujours fixé et ainsi de respecter la crédibilité de la parole publique. Trop parce que cette augmentation considérable du coût du projet doit aussi être regardée à l’aune des urgences écologiques et sociales”.
”Un tel projet à 80 millions d’euros ne nous apparaît pas compatible avec ce qui doit être engagé, avec ce qui peut être compris. Le choix que nous faisons est celui de la raison. Et nous savons Nantes capable de mille rebonds lorsqu’il s’agit de défricher l’imaginaire et servir l’émancipation par l’art et la culture. Les grands projets qui vont transformer Nantes et la métropole sont nombreux. Ce qui me guide, ce qui m’anime, c’est l’intérêt de Nantes et des Nantais, être maire, gouverner, c’est faire des choix”.
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole
Arbres aux Hérons à Nantes : Les réactions à chaud de Pierre Oréfice et François Delarozière
Pour Pierre Oréfice, François Delarozière, ainsi que tous les membres de la compagnie de théâtre de La Machine, la déception est bien évidemment au rendez-vous. Imaginé de toutes pièces en 2002, l’Arbre aux Hérons avait pour eux toute sa place auprès des autres machines. C’est donc la stupéfaction totale à l’annonce de cette décision. Tous disent ne pas comprendre cette “décision brutale prise sans concertation ni discussion”.
En réaction à cette annonce, le 16 septembre, les concepteurs du projet ont tenu à s’exprimer publiquement par le biais d’une conférence de presse afin de partager leur point de vue. Le chiffre de 80 millions d’euros, présenté par la Métropole est notamment remis en cause. Pour la compagnie de La Machine, le coût global du projet de l’Arbre aux Hérons est resté intact, s'il y a un surplus, c’est à la Métropole de l’absorber.
Cet abandon du projet vient également requestionner la place de l’art dans l’urbanisation de la ville. Pendant sa prise de parole, François Delarozière s’est montré quelque peu agacé par cet abandon qui pour lui fait passer la ville de Nantes pour une ville sage et “endormie”, alors qu’il faudrait mieux faire appel au rêve et à l’imaginaire.
Que va devenir le projet de l’Arbre aux Hérons et ses créatures ?
Malgré la décision de Nantes Métropole d’enterrer le projet d’Arbres aux Hérons, le bestiaire mécanique, ainsi que toutes les créatures déjà fabriquées n’ont pas vocation à prendre la poussière au fond d’un placard.
D’autant plus que 4 millions d’euros ont déjà été dépensés pour leur création. En attendant leur placement définitif, les araignées, fourmis, paresseux, papillons, chenilles et bien-sûr hérons géants sont exposés à la Galerie des Machines. Le public est attendu le samedi 1er octobre au pied du Grand Héron entreposé à l’arrière des Nefs des Machines de l’Île pour le voir voler.
S’il y a bien une chose qui est sûre, c’est que le Jardin Extraordinaire où devait être implanté l’Arbre aux Hérons s'étendra davantage sur la carrière Miséry, dans le quartier Chantenay. Johanna Rolland a d’ores et déjà annoncé son aménagement avec la création d’une rivière. Une troisième phase sera prochainement à l’étude où tous les projets mêmes les plus fous seront permis.
Arbre aux Hérons à Nantes : Retour sur un projet de haut vol
La carrière Miséry est un espace emblématique et remarquable de la ville de Nantes. Au cours du XVIe siècle, la carrière a aidé à bâtir la ville et à la minéraliser. Pendant près d’un siècle, de 1900 à 1995, le site était occupé par une grande brasserie, qui fut détruite par étape entre 1987 et 1995. Dans le cadre du projet de réaménagement urbain de Bas-Chantenay , plusieurs idées de projets ont émergé sans jamais aboutir : construction d’immeubles, hôtels, passage d’un boulevard.
En 2016, la nouvelle et jeune maire de Nantes Johanna Rolland insuffle un vent de fraicheur et souhaite préserver et valoriser ce site en créant le Jardin Extraordinaire. Elle décide aussi de placer l’Arbre aux Hérons au sein de ce nouvel écrin de verdure au cœur d’un quartier construit et au passé industriel.
Un incroyable défi technique
L’Arbre aux Hérons est pensé pour se déployer sur 35 mètres de haut et 55 mètres de large, pour un poids total de 1 500 tonnes. Ses mensurations font de lui le plus grand arbre urbain jamais conçu sur terre. Une véritable prouesse technique qui repose non pas sur une dalle en béton mais sur des micros-plots encastrés dans le granit et recouverts de terre végétale.
Ses branches, en guise de jardins suspendus sont intégralement végétalisées sur tous les niveaux et peuplé de créatures mécaniques qui renforcent la diversité de cet écosystème et permettent la prolifération des espèces grâce au microclimat local.
L’immense Bestiaire mécanique est surplombé d’un couple de hérons ayant la capacité d’embarquer du public. Un voyage lent et circulaire à plus de 40 mètres de haut avec une vue imprenable sur toute la ville de Nantes. En mai dernier, une des bestioles faites d’acier volait pour la toute première fois, devant les yeux ébahis du grand public et des journalistes.
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