Les nouveaux seuils de la RE2020 en 2025

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le 10 avril 2025

[ mis à jour le 10 avril 2025 ]

SOMMAIRE

Trois ans après son entrée en vigueur, la RE2020 entre dans une première phase de renforcement de ses exigences pour l'immobilier neuf.

En effet, tous les trois ans, les seuils réglementaires des indicateurs carbone de la RE2020 évoluent, jusqu'en 2028 sur le plan énergétique et jusqu'en 2031 sur le plan de la construction. Cet intervalle de trois ans est sensé laisser une marge aux constructeurs pour s'adapter aux nouvelles méthodes de calcul et aux exigences.

Ces nouvelles exigences ont été fixées par le décret n° 2024-1258 du 30 décembre 2024 pour une entrée en vigueur en janvier 2025.

Il s’appuie sur les enseignements tirés de deux années d’application de la réglementation, au terme desquelles un retour d’expérience a été mené en concertation avec les acteurs du secteur de la construction.

Les constructions concernées par ces changements sont les bâtiments résidentiels, les bâtiments d'enseignement primaire et secondaire ainsi que les immeubles de bureaux. L'objectif ? Réduire davantage l'empreinte énergétique et encourager l'utilisation des matériaux biosourcés et d'énergies renouvelables.

Comme le souligne le ministère de la Transition écologique, l'ambition est de traiter des situations particulières jugées particulièrement contraintes et pour lesquelles des ajustements sont nécessaires pour garantir la soutenabilité des exigences de la réglementation .

Qu'est-ce la RE2020 ?

Conforme RE2020
©all_pictures - Shutterstock

La RE2020 désigne la nouvelle Réglementation Environnementale pour l'ensemble de la construction neuve. Sa particularité est de prendre en compte les consommations d'énergie mais également les émissions de carbone, notamment celles liées à la phase de construction du bâtiment.

La réglementation est une des premières mondiales à incorporer la performance environnementale de la construction neuve à travers l'analyse de son cycle de vie.

La RE2020 fait suite à l'expérimentation du label E+/C- et remplace la RT2012. Sa création émerge d'une forte volonté de l'État et des acteurs du logement ayant décidé d'agir conjointement sur la réduction des émissions du bâtiment.

Les nouveaux seuils de la RE2020 en 2025

À compter du 1er janvier 2025, la réglementation environnementale devient plus stricte, avec l'entrée en vigueur de seuils renforcés. Cette évolution impose au secteur du bâtiment, et en particulier à la construction de logements, des exigences accrues pour réduire l'impact carbone des ouvrages neufs. Ces nouvelles contraintes sont un pas de plus vers des pratiques plus durables et bas-carbone dans l'acte de construire.

Voici les seuils d’émissions à ne pas dépasser en fonction du type de logement, exprimés en kilogrammes de CO₂ équivalent par mètre carré et par an.

Les seuils carbone pour les maisons individuelles

IndicateurDepuis 2022À partir de 2025
IC Construction640530
IC Énergie160160 - 200*
Plafond d'EGES/4

*En application du décret n° 2024-1258 du 30 décembre 2024, qui vient adapter les critères de performance énergétique et environnementale des bâtiments neufs en France métropolitaine.

Quelles conséquences pour les maisons neuves ?

Maison neuve
© Dariusz Jarzabek - Shutterstock

Dans le cadre de la RE2020, le seuil lié à la construction des maisons individuelles (IC Construction) a été abaissé de 640 à 530 kg CO₂/m². Cette évolution impose un recours plus fréquent à des matériaux écologiques tels que le bois, le chanvre ou le béton à faible empreinte carbone, mais aussi à des techniques constructives plus respectueuses de l'environnement.

En revanche, le seuil d'émissions liées à l'usage énergétique des maisons (IC Énergie) reste inchangé à 160 kg CO₂/m², maintenant ainsi la priorité donnée aux systèmes de chauffage performants, déjà largement adoptés, comme les pompes à chaleur ou les solutions solaires thermiques.

Ces nouvelles exigences entraîneront toutefois un surcoût estimé entre 5 % et 10 % du prix de construction, en raison du coût plus élevé des matériaux bas-carbone et de la complexité accrue des normes respecter.

Les seuils carbone pour le logement collectif

IndicateurDepuis 2022À partir de 2025
IC Construction740650
IC Énergie560260 - 320*
Plafond d'EGES126**

Depuis 2024, les seuils d’émissions carbone pour les logements collectifs sont les suivants :

Quelles conséquences pour les appartements neufs ?

Appartements neufs
© Elena Elisseeva - Shutterstock

Pour les appartements, les exigences de la RE2020 ont été nettement renforcées, aussi bien lors de la construction que pendant la phase d'exploitation. Le seuil IC Construction, qui mesure l'impact carbone lié aux matériaux et à la réalisation du bâtiment, passe de 740 à 650 kg CO₂/m². Cette réduction impose aux acteurs du secteur d'intégrer davantage de matériaux bas-carbone, dans des structures souvent plus complexes que celles de l'individuel, nécessitant des solutions mixtes (par exemple la combinaison du béton à faible impact et des ossatures bois).

Le changement le plus important concerne toutefois le seuil IC Énergie, qui chute de 560 à 260 kg CO₂/m² pour les immeubles non raccordés à un réseau de chaleur urbain. Cela impose une transition rapide vers des systèmes énergétiques plus vertueux, comme les pompes à chaleur collectives, les solutions solaires ou encore des équipements intégrant une part importante d'énergies renouvelables.

Un surcoût des logements neufs en 2025 ?

Malgré les intentions louables de la RE2020, ce renforcement suscite l'inquiétude des acteurs du secteur du logement, englués depuis plusieurs mois dans une crise immobilière nationale.

En effet, les coûts supplémentaires associés à la construction à faible émission impactent directement les prix de vente des logements neufs. Cela rend l’accès à la propriété encore plus difficile, qui plus est dans un contexte où les ménages voient leur pouvoir d’achat fragilisé. Toutefois, ces efforts permettront de réaliser, sur le long terme, d’importantes économies sur les dépenses énergétiques.

Les objectifs de la RE2020

DPE étiquettes énergie
© NicoElNino - Shutterstock

La RE2020 repose sur trois grands principes fondamentaux : la réduction de l’empreinte carbone, la maîtrise des consommations énergétiques et l’amélioration du confort en période estivale. Pour chacun de ces objectifs, des indicateurs spécifiques ont été mis en place, accompagnés de seuils réglementaires à atteindre progressivement dans le temps.

1. Réduire l'empreinte carbone du bâtiment

L'empreinte carbone représente la quantité totale de gaz à effet de serre (GES) émise directement par une personne, une activité, un produit ou un territoire. Elle s’exprime généralement en équivalent CO₂ (CO₂e), c’est-à-dire en prenant comme référence le dioxyde de carbone, principal gaz responsable du réchauffement climatique.

Avec la RE2020, cette empreinte est calculée sur la totalité du cycle de vie d'un bâtiment, c'est-à-dire 50 ans. Afin de limiter cette empreinte, la construction a désormais recours aux matériaux biosourcés, géosourcés et réemployés.

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la RE2020 encourage le recours aux énergies renouvelables et décarbonées sur tout son cycle de vie. Deux indicateurs permettent d'évaluer l'impact de la construction et de la consommation : l'IC Construction et l'IC Énergie, tous deux exprimés kgCO2eq/m²/an.

2. Encourager la sobriété énergétique et décarboner l'énergie

Ce que l’on qualifie de “sobriété énergétique” est la démarche de réduire volontairement la consommation d'énergie, sans nuire au confort ou à la qualité de vie. Contrairement à l'efficacité énergétique, qui repose sur des équipements plus performants, la sobriété implique un changement dans les usages et les comportements.

Pour ce faire, l'objectif est de construire des bâtiments à énergie positive (BEPOS). Pour mesurer la performance énergétique des bâtiments en matière d'isolation et de consommation, il existe plusieurs indicateurs :

Dans le cadre de la RE2020, une attention particulière est désormais portée à la gestion des équipements et des usages énergétiques du bâtiment. Sont notamment pris en compte : le type de chauffage installé, le mode de climatisation ou de rafraîchissement, la production d'eau chaude sanitaire, ainsi que l'éclairage. Tous ces éléments sont évalués et encadrés pour garantir une consommation d'énergie optimisée et cohérente avec les objectifs de performance environnementale.

3. Garantir le confort d'été en périodes de forte chaleur

La RE2020 se veut également impactante au niveau du confort d'été et assène aux constructions de tenir compte des changements climatiques futurs, notamment en période de canicule.

Pour ce faire, l'isolation doit être pensée de manière à limiter les besoins de climatisation, en privilégiant des solutions passives comme une bonne orientation, la ventilation naturelle ou la protection solaire. L'objectif est de maintenir une température agréable en été sans recourir systématiquement à des équipements énergivores.

Pour évaluer la résistance d'un logement à la surchauffe, la réglementation introduit une valeur seuil d'inconfort fixée à 28°C en journée et à 26°C la nuit. Au-delà de ces températures, le confort thermique est considéré comme insuffisant.

Un indicateur appelé Degrés-Heures (DH) permet de quantifier ces périodes d'inconfort sur l'année. Il mesure la durée et l'intensité des écarts entre la température ressentie dans le logement et celle jugée confortable selon les saisons et les usages. Cet outil permet ainsi de vérifier si un bâtiment offre un bon niveau de confort d'été, sans dépendre de la climatisation.

L'évolution des seuils pour les années à venir

La RE2020 prévoit une évolution progressive des seuils réglementaires, avec de nouvelles exigences qui entreront en vigueur au 1er janvier 2028, puis une seconde étape au 1er janvier 2031.

Si la limitation des émissions de CO₂ liées à l'énergie (IC Énergie) ne change pas pour les logements individuels, une réduction non négligeable est attendue pour les logements collectifs raccordés à un réseau de chaleur urbain (RCU), avec un objectif fixé à 260 kgCO₂eq/m²/an dès 2028.

En parallèle, l'indicateur IC Construction, qui mesure l'impact carbone des matériaux de construction et de la phase chantier, fera l'objet de plafonds de plus en plus stricts, selon un calendrier d'abaissement par palier. Voici un tableau récapitulatif de ces seuils :

AnnéeMaison individuelleLogement collectifBaisse de contenu carbone
2022640740/
2025530650-15 %
2028475580-25 %
2031415490-30 à -40 %
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