Bbio, impact carbone, objectifs... Tout savoir sur la norme RE2020

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Avatar de l'auteur "Hervé KOFFEL" Hervé Koffel

le 03 avril 2024

[ mis à jour le 03 avril 2024 ]

SOMMAIRE

Alors que la prise de conscience de l’urgence climatique devient de plus en plus prégnante, l'entrée en vigueur de la Règlementation Environnementale 2020 le 1er janvier 2022 est un pas en avant conséquent pour l’immobilier.

Cette nouvelle norme, succédant à la RT2012, s'inscrit dans une démarche de transition écologique profonde, cherchant à réduire significativement l'empreinte carbone du secteur du bâtiment, tout en améliorant le confort et la qualité de vie des occupants.

La RE2020 dessine l'avenir de l'habitat en France en mettant l'accent sur la sobriété énergétique, la réduction de l'impact environnemental de la construction et l'adaptation des bâtiments au changement climatique. Nous ferons ici le point sur les contours, les objectifs et les implications de cette norme qui régit désormais le secteur immobilier, et marque un véritable tournant dans l'approche de la construction durable.

Qu'est-ce que la RE2020 ?

La Réglementation Environnementale 2020, plus connue sous l'acronyme RE2020, représente la nouvelle norme française en matière de construction. Elle succède à la Règlementation Thermique 2012 (RT2012) avec une ambition renforcée : préparer le secteur du bâtiment aux défis de demain, notamment ceux liés à la transition écologique et énergétique.

Grâce à cette nouvelle norme de construction, les bâtiments neufs verront leur empreinte carbone diminuer drastiquement. La RE2020 assurera également leur efficacité énergétique et leur résilience face aux changements climatiques. Voici venue l’ère des logements neufs durables et écologiques.

Contexte et raison d'être

Le contexte de création de la RE2020 est intimement lié à l'urgence climatique et à la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le secteur du bâtiment, responsable d'une part significative de ces émissions en France (23%), ainsi que de 43% des consommations énergétiques annuelles du pays (source : Ministère de la transition écologique), se trouve au cœur des préoccupations environnementales. La RE2020 émerge donc comme une réponse à ces enjeux, s'inscrivant dans la continuité des efforts nationaux et internationaux pour limiter le réchauffement climatique.

Les principaux objectifs de la RE2020

La RE2020 se distingue par ses ambitions élevées, visant à transformer en profondeur les pratiques de construction en France. Trois objectifs principaux structurent cette réglementation, chacun répondant à des enjeux spécifiques du secteur du bâtiment face aux défis environnementaux et climatiques actuels.

1. Réduction de la consommation énergétique

L'un des piliers de la RE2020 est la poursuite de la réduction de la consommation énergétique des bâtiments neufs. Cet objectif s'inscrit dans la continuité des précédentes réglementations thermiques, mais avec des exigences renforcées. La RE2020 met un accent particulier sur l'amélioration de l’isolation thermique et l'efficacité énergétique globale des constructions. Elle vise à minimiser les besoins en énergie pour le chauffage, la climatisation, l'éclairage, et l'eau chaude sanitaire, en promouvant des solutions innovantes et durables.

©ronstik - Shutterstock

Pour atteindre cet objectif, la RE2020 introduit des critères plus stricts concernant l'isolation des bâtiments. L'indicateur de besoin bioclimatique (Bbio), déjà présent dans la RT2012, est renforcé pour encourager des conceptions architecturales qui tirent parti des conditions climatiques locales, réduisant ainsi naturellement les besoins en énergie. De plus, la réglementation favorise l'utilisation d'énergies renouvelables et décarbonées, comme les pompes à chaleur, la biomasse, ou encore les réseaux de chaleur.

2. Diminution de l'impact carbone de la construction

La grande nouveauté de la RE2020 réside dans son approche globale de l'impact environnemental des bâtiments, en intégrant la notion d'empreinte carbone sur l'ensemble du cycle de vie de la construction. Cela inclut non seulement les émissions liées à l'exploitation du bâtiment (chauffage, électricité, etc.) mais aussi celles résultant de la production des matériaux, de leur transport, des chantiers, ainsi que les ressources utilisées pour la démolition.

Pour limiter cet impact, la RE2020 encourage l'utilisation de matériaux biosourcés, comme le bois, qui ont l'avantage de stocker le carbone durant toute la durée de vie du bâtiment. Elle promeut également la diversité des modes constructifs et la mixité des matériaux, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre dès la phase de construction. Cette approche incite les acteurs du bâtiment à innover et à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement.

3. Adaptation des bâtiments au changement climatique

Le troisième objectif majeur de la RE2020 est d'assurer que les nouveaux bâtiments offrent un confort optimal, même en période de canicule, sans recourir excessivement à la climatisation. Cette exigence répond à la nécessité d'adapter le parc immobilier aux évolutions du climat, qui prévoit des étés de plus en plus chauds.

La réglementation impose donc des critères spécifiques pour limiter l'inconfort thermique estival, en favorisant des solutions de conception et d'orientation des bâtiments qui minimisent l'exposition à la chaleur. Pour mesurer le confort thermique, l’indicateur Degré-Heure (DH) a été créé. Celui-ci établit la limite d’une température “confortable” entre 26 et 28°C (nuit et jour) et calcule le nombre d’heures par an où cette température est dépassée dans le bâtiment.

Un DH en-dessous de 350 est automatiquement considéré comme confortable en été. La limite peut fluctuer entre 1250 et 2600 DH selon la zone géographique (et donc climatique) du bâtiment, la taille de celui-ci ou encore la présence de climatisation.

L'objectif est de garantir des conditions de vie agréables et saines pour les occupants, tout en limitant l'impact environnemental lié à l'utilisation de systèmes de refroidissement énergivores.

© fizkes – Shutterstock

Le Bbio dans la RE2020

Au cœur de la RE2020 se trouve le Bbio, l'indicateur de besoin bioclimatique, qui joue un rôle central dans la conception des bâtiments neufs. Cet indicateur mesure l'efficacité énergétique intrinsèque d'un bâtiment, indépendamment des systèmes énergétiques installés pour le chauffage, la climatisation, ou l'éclairage. Il reflète la capacité d'un bâtiment à tirer parti des conditions climatiques locales pour minimiser les besoins en énergie.

Définition et importance du Bbio

Le Bbio est calculé en prenant en compte plusieurs facteurs, tels que l'isolation thermique, l'orientation du bâtiment, la surface et la qualité des vitrages, ainsi que l'inertie thermique. Un score Bbio faible indique un bâtiment bien conçu sur le plan bioclimatique, qui nécessitera moins d'énergie pour le chauffage, la climatisation, et l'éclairage naturel.

La RE2020 renforce l'exigence autour du Bbio pour encourager les concepteurs à optimiser l'architecture des bâtiments dès les premières étapes de la conception. L'objectif est de réduire autant que possible les besoins énergétiques par des solutions passives, avant même de considérer les systèmes énergétiques actifs.

Impact du Bbio sur la conception des bâtiments

L'accent mis sur le Bbio incite à une réflexion approfondie sur l'orientation des bâtiments, le choix des matériaux de construction, la disposition des ouvertures, et l'intégration de protections solaires. Ces éléments deviennent déterminants pour réaliser des constructions performantes qui répondent aux critères de la RE2020.

Par exemple, une orientation judicieuse des pièces de vie vers le sud peut maximiser l'apport solaire en hiver, tout en limitant la surchauffe en été grâce à des dispositifs d'ombrage adaptés. De même, l'utilisation de matériaux à forte inertie thermique permet de stabiliser la température intérieure, réduisant ainsi les besoins en chauffage et en climatisation.

Calcul de l'impact carbone dans la RE2020

L'une des innovations majeures de la RE2020 est l'introduction du calcul de l'impact carbone sur l'ensemble du cycle de vie des bâtiments neufs. Cette approche holistique prend en compte non seulement les émissions liées à l'utilisation du bâtiment (chauffage, électricité, etc.) mais également celles résultant de la production des matériaux, de leur transport, de leur mise en œuvre, et même de leur fin de vie. Cet indicateur permet de réduire significativement l'empreinte carbone globale des constructions neuves.

Méthodologie de calcul

Le calcul de l'impact carbone dans la RE2020 s'appuie sur une analyse en cycle de vie (ACV) qui évalue les émissions de CO2 à chaque étape du bâtiment, du "berceau à la tombe". Cette analyse est rendue possible grâce à des bases de données détaillées sur les matériaux de construction et des logiciels spécialisés. Elle permet d'identifier les phases les plus émissives et d'orienter les choix constructifs vers des solutions moins carbonées. L'impact carbone est mesuré par les indicateurs “Ic énergie” et “Ic construction” :

Pour chaque projet, les concepteurs doivent ainsi soumettre une évaluation de l'empreinte carbone qui sera comparée à un seuil maximal défini par la RE2020. Ce seuil varie selon le type de bâtiment (résidentiel, tertiaire, etc.) et sa localisation, afin de tenir compte des spécificités de chaque projet.

© Stock-Asso - shutterstock

Solutions pour réduire l'impact carbone

Pour répondre aux exigences de la RE2020, les acteurs du bâtiment disposent de plusieurs leviers pour diminuer l'empreinte carbone de leurs constructions :

Choix des matériaux : Privilégier les matériaux biosourcés (bois, paille, chanvre, etc.) et recyclés, qui présentent une empreinte carbone plus faible que les matériaux traditionnels. Ces matériaux ont également l'avantage de stocker le carbone, contribuant ainsi à compenser une partie des émissions du bâtiment.

Optimisation des procédés constructifs : Adopter des techniques de construction innovantes et moins émissives, comme la préfabrication, qui permet de réduire les déchets et les pertes de matériaux sur chantier.

Réemploi et recyclage : Encourager le réemploi des matériaux en fin de vie et la sélection de produits facilement recyclables, pour minimiser l'impact environnemental de la démolition et de la construction.

Conception énergétique : Au-delà de l'impact carbone lié aux matériaux, optimiser la performance énergétique du bâtiment pour réduire les émissions liées à son exploitation. Cela passe par une conception bioclimatique, l'utilisation d'énergies renouvelables et la mise en place de systèmes énergétiques efficaces.

La consommation d’énergie primaire

La RE2020 introduit des modifications dans le calcul de la consommation d'énergie primaire des bâtiments, avec une attention particulière portée sur les indicateurs Cep (Consommation d'Énergie Primaire) et Cep,nr (Consommation d'Énergie Primaire non Renouvelable). Le Cep et le Cep,nr sont exprimés en kWhep/m²/an et font partie des six grands indicateurs qui régissent la RE2020.

Le Cep : Un indicateur global de consommation

Le Cep représente la consommation conventionnelle d'énergie primaire du bâtiment, englobant les cinq usages définis par la RT2012 (chauffage, refroidissement, production d'eau chaude sanitaire (ECS), éclairage, et auxiliaires de ventilation et de distribution), ainsi que les consommations liées aux déplacements internes (ascenseurs ou escalators), à l'éclairage et à la ventilation des parties communes et des éventuels parkings.

Le Cep est modulable selon plusieurs critères, tels que la localisation géographique, la surface moyenne des logements, ou encore la catégorie de contraintes extérieures, avec des valeurs maximales fixées à :

À noter que le Cep peut être réduit par la part autoconsommée de la production électrique générée sur place.

Le Cep,nr : La part non renouvelable sous surveillance

Le Cep,nr, quant à lui, se concentre sur la part non renouvelable de la consommation d'énergie primaire, excluant ainsi les énergies renouvelables du calcul. Cet indicateur est déterminant pour les consommations d'énergie et s'avère être le plus contraignant de la RE2020. Il est calculé sur la base des mêmes usages que le Cep, mais avec des coefficients de transformation de l'énergie différents, reflétant uniquement la part non renouvelable de l'énergie consommée.

Voici les plafonds de consommation maximale d’énergie primaire non renouvelable (Cep,nr) pour qu'un bâtiment soit certifié RE2020 :

Ces seuils impliquent un effort de réduction de la consommation d'énergie de 15 à 20% par rapport à la RT2012.

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Calendrier de la RE2020

La Règlementation Environnementale 2020 s’applique à tous les logements neufs dont le permis de construire a été demandé après le 1er janvier 2022 (1er juillet pour les locaux de bureaux).

Le calendrier de la RE2020 est conçu pour offrir une visibilité à long terme aux acteurs de la construction, avec des jalons clés prévus jusqu'en 2031. Ces jalons correspondent à des moments où les exigences de la réglementation seront revues et progressivement renforcées, en fonction des avancées technologiques, des retours d'expérience et de l'évolution des pratiques du secteur.

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