Doulon-Gohards : itinéraire d’un projet urbain à vocation agricole à Nantes

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Avatar de l'auteur "Sophie Castella" Sophie Castella

le 06 octobre 2021

[ mis à jour le 08 novembre 2022 ]

SOMMAIRE

Nous évoquions déjà le projet d’aménagement de Doulon-Gohards en 2019.

Théâtre de l’évolution industrielle nantaise depuis près de 2 siècles, le quartier a entamé sa mue en 2020 pour proposer un quartier à vocations multiples. L’objectif : façonner un lieu de vie apaisé où coexistent fermes urbaines, programmes immobiliers neufs à Nantes et nouveaux équipements publics.

Plus écologique, solidaire et mixte, le projet proposera à terme, une nouvelle manière de vivre le quartier, en écho direct avec ses racines. Retour sur les avancées du projet.

De la commune rurale au quartier urbanisé

Projet Doulon Gohards - Halte de l’ancienne Gare de Doulon à Nantes dans les années 1900
© Public domain - wikimediacommons

Seigneurie, puis commune annexée en 1908 par la ville de Nantes, Doulon est connu pour être l’un des quartiers qui témoignent le plus de l’évolution urbaine et industrielle de Nantes.

De son statut paroissial à son rôle prépondérant dans l’histoire cheminote nantaise, le quartier a vu son paysage urbain se modifier progressivement, au gré des avancées maraîchères et industrielles de la Ville. Longtemps terre d’approvisionnement, Doulon devient rapidement l’une des zones de triages ferroviaires les plus importantes de la ville. Cheminots et maraîchers s’y côtoieront jusqu’au début des années 60.

La construction de grands ensembles d’habitat entre 1960 et 1971 et la création de la ZAC Haluchère-Perray viendront pourtant signer l’annexion totale de Doulon. Entièrement urbanisé au début du XXIème siècle, Doulon verra ses dernières terres maraîchères condamnées au profit des immeubles de béton. Seuls survivants de cette époque : les réservoirs d’eau et les vieux murs de pierre, encore présents sur quelques friches.

L’urgence climatique a pourtant contraint la Métropole à réenvisager ses territoires, de manière plus résiliente, quitte à y renouer avec leurs racines d’antan, celles de la terre.

L'agriculture urbaine, fer de lance du projet Doulon Gohards

C’est une forme d’agriculture émergente qui a le vent en poupe depuis ces dernières années. Ces petites fermes de ville sont d’ailleurs vivement encouragées par les instances gouvernementales. L’ambition est de répondre aux enjeux de sécurité alimentaire tout en préservant la biodiversité.

Parcelles de terre, jardins individuels et potagers collectifs ont pris peu à peu part à l’identité nantaise. Qu’en est-il à Doulon-Gohards ?

5 corps de ferme réhabilités d’ici 2025

C’est la première phase opérationnelle du projet Doulon-Gohards : remettre en production les anciens corps de ferme ainsi que d’autres fragments d’exploitation agricole : la Papotière, Saint-Médard et le Vallon des Gohards.

Première artère concernée, la rue de la Papotière, reliant Sainte-Luce-sur-Loire au Vieux Doulon et où la circulation s’est considérablement densifiée depuis l’arrivée de la ligne Chronobus C7.

Réaménagée de fond en comble, elle accueillera une nouvelle école ainsi que d’autres équipements tout en conservant “son caractère rural, avec ses fossés et ses murs en pierre” confirme Jean-Marie Duluard, responsable d’opérations de Nantes Métropole Aménagement. En plus d’être élargie, elle accueillera une voie cyclable ainsi que des cheminements piétons. Ces liaisons viendront raccorder le Vallon des Gohards et la rue des Vesprées à la nouvelle école.

Produits bios et apéros “micro-pousses”

Projet Doulon Gohards - Paniers remplis de légumes
© Sam Lion - Pexels

5 agriculteurs se sont lancés pour cultiver les terres de Doulon-Gohards.

Anciens salariés d’une association de protection de l’environnement, Clément Amour et Simon Prévost ont été les premiers à planter les sols et à y installer des systèmes d’irrigation grâce aux réservoirs d’eau existants. À l’abandon depuis plusieurs années, la ferme de la Louëtrie a vu leurs premiers légumes sortir de terre au printemps dernier :

« Choux, tomates, courges et carottes commencent à prendre racine » déclaraient les deux agriculteurs au micro de la Ville de Nantes. Les nantais pourront venir acheter leurs fruits et légumes directement au marché de Doulon ou à Bottière-Chénaie. Les récoltes seront également mises en ligne sur la plateforme cagette.net.

2 points de vente dont une boutique de producteurs seront prévus pour 2022 regroupant l’ensemble des produits récoltés du quartier. Mais ça ne s’arrête pas là puisque c’est un véritable écosystème qui va se créer. L’adjoint au maire chargé de l’urbanisme durable, Thomas Quéro, précise que les producteurs auront des activités complémentaires pour contribuer à l’économie circulaire : “légumes cuisinés, produits cosmétiques réalisés avec des plantes aromatiques et entretien des espaces naturels”.

Pour initier les enfants et l’ensemble des acteurs du quartier, des “apéros micro-pousses" sont en réflexion. Une manière de découvrir les productions de Gérald Cartaud, qui a toujours rêvé de cultiver des micro-pousses biologiques après avoir observé le système en Californie. Récoltées lors au stade de très jeunes pousses, elles offrent nutriments et saveurs inédites.

Manifestations culturelles et autres petits points de vente semblent aussi être dans les tuyaux pour créer plus de moments d’échanges.

Un concept déjà bien éprouvé par Nantes Métropole

Loin d’être un effet de mode ou un concept bobo, l’agriculture urbaine semble désormais complètement inscrite dans les projets de Nantes.

Fermes aux Dervallières, sur l’île de Nantes, ces parcelles de terre cultivables ont pris du galon.

Mais pourquoi la ville mise-t-elle autant dessus ?

De la volonté de créer un quartier plus “apaisé”

En plus de proposer de nouvelles terres cultivables, le projet Doulon-Gohards prévoit le réaménagement complet du quartier, pour en faire un lieu à vivre “plus apaisé”. Pour ce faire, nouveaux équipements publics et logements neufs y seront édifiés. Pour désengorger la circulation, plus de cheminements doux verront le jour.

Projet Doulon Gohards - Croquis d’un quartier apaisé et urbain
© gkatz - shutterstock

2 700 logements attendus à Doulon

Pour proposer des logements de qualité tout en s’inscrivant dans la transition écologique, Doulon Gohards verra son parc immobilier s’agrandir sur les années à venir. D’ici 2022, l’objectif sera de construire 150 à 200 logements par an et de proposer des gammes de prix accessibles pour permettre aux ménages d’accéder plus aisément à la propriété :

5 secteurs de Doulon sont concernés par ces aménagements : Bois des Anses, à quelques pas du ruisseau de l’Aubinière, où seront construits 700 logements, Territoires des Eaux, Saint-Médard et Petites Rues, en front du triage Nantes-Blottereau, Vallon des Gohards, Louëtrie-Papotière, où se dessineront progressivement plusieurs équipements publics et le Bourg du Vieux Doulon.

Une école à énergie positive prévue pour la rentrée 2022

Le premier chantier en date du projet Doulon Gohards s’inscrit volontairement dans les initiatives écologiques prises par la Ville, puisque c’est une école bas carbone qui est en construction. Démarrée à la mi-2020, celle-ci sera livrée en 2022 pour ouvrir ses portes à la rentrée.

Les bâtis de l’école seront équipés de panneaux solaires et seront végétalisés en toitures. Ils seront conçus pour produire de l’énergie (énergie positive) et certifiés bas carbone. 10 classes élémentaires et 6 classes de maternelles sont prévues, en plus d’un centre d’accueil de loisirs ainsi qu’une unité d’enseignement consacrée aux enfants en situation de handicap, pilotée par l’association Adapei.

Les Doulonnais invités à végétaliser leur quartier

Projet Doulon Gohards - Homme et enfant jardinant ensemble
© Ivanko80 - shutterstock

Lancée par Nantes Métropole et la Ville de Nantes en 2016, l’opération “Ma rue est un jardin” prévoit d’initier les nantais à la végétalisation de leur ville. L’appel à projet était ouvert aux candidatures du 11 mai au 11 juillet derniers.

Prévu à l’échelle du projet urbain Doulon Gohards, le programme permettra aux habitants de s’approprier les rues de leur quartier pour y “développer des projets de végétalisation” de façon individuelle ou collective.

Les enjeux sont de pouvoir proposer une nouvelle façon de “travailler collectivement à l’amélioration du cadre de vie, par la végétalisation des rues, s’initier au jardinage au naturel et soutenir la biodiversité en ville et favoriser l’échange et la rencontre entre voisins”. (Dialoguecitoyen.metropole.nantes.fr).

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