La renaissance des Dervallières à l'Ouest de Nantes

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Avatar Gilles VIDOTTO Gilles Vidotto

le 14 décembre 2018

[ mis à jour le 06 avril 2022 ]

SOMMAIRE

Le XIXe siècle marque un tournant dans l’Histoire de l’urbanisation de l'Ouest Nantais. L’activité industrielle, favorisée par la présence du port, quai de la Fosse, pousse au partage des anciens domaines en lotissements. Les places Mellinet et Canclaux représentent alors la partie nantaise du quartier. Mais très vite, le développement gagne la commune encore rurale de {{lien:5420|texte:Chantenay|title:immobilier neuf à bas-chantenay|target:_blank, où s’implantent des industries liées à la conserve alimentaire.

L’afflux grandissant des ouvriers donne naissance à un nouveau quartier, le Haut-Chantenay. Déjà, l’église Saint-Clair et la place Zola deviennent les lieux privilégiés de la vie du quartier. Pendant l’entre-deux guerres, l’urbanisation s’intensifie et voit la construction du lotissement des zones maraîchères autour des réservoirs d’eau de la Contrie, le point culminant de Nantes.

Dans le milieu des années 50, la construction de la cité HLM des Dervallières, au cœur du vallon de la Chézine, signe l’apogée de ce développement. La densification urbaine qui touche actuellement la ville de Nantes, amorcée dès les années 60, n’a pas empêché le quartier de conserver son identité contrastée. Aux édifices bourgeois des grands boulevards s’accolent toujours les petites maisons ouvrières regroupées dans des îlots à l’esprit villageois, comme la Fournillière ou la place du Petit Bois.

Le quartier des Dervallières reste un symbole fort et un lieu d’importance dans le cœur des Nantais, en partie grâce au marché de Zola. Depuis les années 1900, ce marché regroupant une centaine de commerçants vient animer la place Emile Zola tous les jeudis.

Bouleversé cet été par des violences urbaines, le quartier se relève, cinq mois après, avec une ferveur nouvelle. Nouveau pôle santé, extension de l'école des Châtaigniers, avenir de la place centrale... La maire de Nantes a détaillé ce lundi 10 décembre les projets destinés à améliorer durablement la vie quotidienne des habitants des Dervallières. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il se prépare entre les tours un renouveau urbain de nature à exprimer sans délai le potentiel réel du quartier.

Une rénovation à poursuivre

© Jibi44

Les Dervallières sont loin d’en être à leur première transformation, mais celle-ci pourrait bien être l’occasion d’une renaissance.

Les rénovations urbaines des dernières décennies

Dans les années 90, un premier projet urbain est venu remodeler un urbanisme des années 60 tombé en désuétude. En faisant tomber les anciens porches qui enclavaient les immeubles, et en œuvrant à rénover plusieurs centaines de logements dans le quartier, la Ville s’est attelée à « ouvrir » les Dervallières par le haut, pour les reconnecter aux Hauts-Pavés Saint Félix, à Breil et Barberie.

En 2006, une seconde phase de rénovation est venue donner un nouveau souffle au Vallon des Dervallières. Cela a été, véritablement, le moment d’une requalification du quartier. Les signes de ce renouveau sont multiples, et touchent au champ de l’habitat comme à celui de l’éducation. De cette époque datent :

Les rénovations en cours et à venir

Depuis deux ans, la municipalité s’est engagée dans un nouveau projet de rénovation du secteur. Comme à chaque fois à Nantes, les habitants ont été impliqués dans la concertation, pour que les chantiers se fassent à la mesure de leurs attentes à eux, qui détiennent « l’expertise citoyenne » du terrain et du quotidien.

Cette phase d’études et d’échanges entre les habitants, l’équipe d'architectes-urbanistes Interland, l'Atelier Georges, et deux associations du quartier (la Luna et le Dernier Spectateur), a permis de dessiner les contours des transformations à engager aux Dervallières. Trois secteurs ont été retenus comme prioritaires, et seront particulièrement concernés par les changements à venir :

© Ville de Nantes

Johanna Rolland, la maire de Nantes, semble bien avoir pris conscience de l’urgence de la situation : « Les violences de juillet et la dégradation majeure du centre commercial et des équipements publics nous poussent à agir tout de suite pour transformer la place des Dervallières », a-t-elle déclaré ce lundi. « Cette place est un lieu de rassemblement essentiel pour la vie de quartier », a ajouté Myriam Naël, l’adjointe au maire en charge de la politique de la ville, confirmant l’aspect prioritaire du travail sur ce point stratégique du secteur. Mais la rénovation ne concernera pas que la place. Les transformations seront à l’image des problématiques qui tiennent ce quartier en tension : globales.

« Aujourd’hui, il est temps de réfléchir à l’avenir du quartier pour éviter que ces phénomènes de violences se reproduisent. Rénover les logements ne suffit pas à améliorer la vie des habitants.
(…) Tout l’enjeu est désormais de terminer ce projet pour apporter davantage de mixité et une meilleure qualité de vie pour tous.
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole

Différents scénarios d’aménagement seront présentés aux habitants et proposés à la discussion début 2019. L’objectif annoncé : la poursuite du « désenclavement » de ce quartier, qui compte parmi les plus pauvres de la Métropole. L’urgence ? « Améliorer la qualité de vie » de ses quelque 5.200 habitants. À ces fins, un plan-guide ambitieux, déroulé sur une dizaine d’année, a été élaboré. Les premières « actions concrètes » devraient pour autant se faire sentir dès les prochains mois.

35 millions d'euros pour rénover le quartier

En septembre, les élus ont été porter le projet de quartier devant l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), qui leur a accordé 35 millions d’euros pour mener à bien la rénovation. Ces subventions auront trois fonctions majeures :

L’enjeu est de poursuivre le travail engagé dans les années 90, en s’attachant maintenant à rouvrir le lien naturel et pourtant distendu entre le haut et le bas du quartier. Il va donc s’agir d’orienter davantage le haut du quartier vers le grand parc et la plaine des sports en contrebas. Des chemins paysagers seront aménagés, des impasses supprimées, le stationnement sera réorganisé, tandis que des grands équipements publics, tels la Fabrique, l’Ehpad ou le pôle Séquoia, devraient être « plus visibles » .

Un espace de coworking pour les entrepreneurs et un lieu de stockage pour les artisans est également annoncé. Sur le plan de la sécurité, des caméras de vidéo-surveillance sont en cours d’installation.

« Il y a un vrai enjeu de relier les parties haute et basse du quartier, et valoriser le parc.
Mais nous devons aussi parler de l’humain : éducation, espaces publics, numérique, emploi… »
Myriam Naël, adjointe à la politique de la ville

Alors que les représentants du groupe d'architectes-urbanistes Interland ont bien noté le besoin du renouveau de la dynamique du quartier, relevant qu’« Il y a beaucoup d’espaces extérieurs qui sont à animer », on comprend que la requalification se fera sur une multiplicité de plans aussi différents que complémentaires. D’après les lignes annoncées, cela passera par

© Ville de Nantes

Plus de vie au Grand Watteau

Achevée progressivement il y a environ deux ans, la rénovation de l’immeuble emblématique du quartier va se poursuivre par un réaménagement de ses abords.

Un bâtiment emblématique

Construits entre 1957 et 1965 sur l’ancienne propriété du Comte de la Brosse, les 2600 logements du Grand Watteau ont été pensés par leur architecte Marcel Favraud comme « un morceau de ville, entier et autonome »… Qu’il va aujourd’hui s’agir de relier au reste de la cité. Tout en sauvegardant la vallée de la Chézine et la beauté de son parc, « le champ » comme on l’appelle encore couramment, l’architecte a investi le terrain d’une manière inédite à Nantes. Érigé entre 1958 et 1961, « le building » de Watteau est devenu un repère : « le plus haut de Nantes, avec ses 43,5 m, doté de ce qui paraissait alors un vrai confort : salle d'eau, chauffage, ascenseur... », explique Bernadette Peaudeau, responsable de l'agence Watteau de Nantes Habitat chargée de sa gestion.

Entre 2006 et 2016, le quartier a connu un grand mouvement de construction et de rénovation. Le « building » a alors eu droit à l’un des plus gros chantiers de rénovation thermique au niveau national, avec 9 000 m² de façade isolés et une réduction de 50 % de déperdition énergétique par rapport à l’existant. La rénovation complète du bâtiment a permis d’atteindre une consommation énergétique de 65 kwh/m²/an et un niveau de performance équivalent au label BBC Rénovation.

Par ailleurs, le quartier des Dervallières a été relié au réseau de chaleur métropolitain, qui a permis aux habitants de l’immeuble de bénéficier de son énergie pour le chauffage et pour l’eau chaude sanitaire. Restructurés et remis à neuf intégralement, les espaces communs ont été réorganisés (passant de 10 à 4 cages d’escales notamment), et les espaces extérieurs réaménagés et revitalisés.

Une vie de quartier à faire renaître

Le Grand Watteau, aujourd'hui tout beau tout neuf, va voir ses abords réaménagés dès l’automne 2019. Au printemps 2020, il devrait être entouré d’un ensemble d’équipements publics propres à remodeler l’image et l’ambiance qui l’entoure. La ville consacrera 2,2 millions d’euros à ce chantier, qui devrait offrir aux habitants :

Au printemps 2019, des installations provisoires seront expérimentées sur le terrain. Circuit vélo, jeux de marelle, bancs pour les mamans, jardinières... De quoi rendre sa vie au quartier !

Secteur Renoir-Château et Lorrain – De La Tour, une nouvelle place publique et les derniers porches démolis

En 2019, plusieurs sites vont subir ici des transformations.

  1. Un plateau sera créé à l'angle des rues Renoir et Delacroix, pour sécuriser les cheminements piétons depuis le parc vers l'école et embellir l’entrée du quartier
  2. Les longues barres d’immeubles qui enclavent le secteur Lorrain - De La Tour vont elles aussi changer d'air : les deux derniers porches du quartier seront démolis, afin de supprimer les voies en impasse et ouvrir le secteur
  3. Les 310 logements restants seront entièrement rénovés (amélioration de la performance énergétique, façades, etc.)
  4. Les espaces publics seront embellis et rouverts sur le quartier

Ali Rebouh, l’adjoint du quartier, a donné des précisions sur la question du relogement : « À partir du 1er trimestre 2019, chaque locataire des 52 logements concernés sera accompagné dans le cadre d'une charte de relogement qui sera signée avec les associations de locataires ».

Un nouveau parvis devant La Fabrique

Côté Fabrique, le parking sera déplacé. Le but ? Assurer la continuité du cheminement entre le parc et la piscine, et laisser la place libre à la création d’un vaste parvis, qui accueillera de multiples activités : jardin, création artistique, etc.

La Fabrique est une ancienne école primaire, reconvertie en janvier 2010 en espace associatif culturel et artistique. Ce lieu de 1 000 m² comprend :

Après un an de travaux (toiture, isolation, ascenseur pour l'accès aux personnes à mobilité réduite, nouvelle entrée et nouvel espace accueil), la Fabrique a rouvert ses portes le samedi 13 octobre. Fraichement retapé, le lieu va donc bénéficier prochainement d’un environnement lui-aussi repensé pour le bonheur et le confort des artistes, du public et des usagers.

Pôle santé et extension de l'école

Autres versants à rénover, et pas des moindres : le soin et l’éducation dans le quartier. C’est là une demande majeure exprimée par les habitants, et que la métropole ne peut plus délayer.

Un pôle médical va voir le jour fin 2020 à la place de l'ancienne station-service, à proximité du rond-point Abel-Durand. Il regroupera 17 praticiens : les 4 médecins généralistes installés boulevard Jean-Ingres, des kinésithérapeutes, des infirmières, des ostéopathes, des orthophonistes, des psychologues et des podologues. Les travaux devraient démarrer au 1er trimestre 2019.

Également au cœur des priorités, la rénovation des écoles va se poursuivre. Après celle de Dervallières-Chézine, ce va maintenant être le tour du groupe scolaire des Châtaigniers. L’école maternelle va bénéficier d’une extension neuve qui lui permettra d’accueillir deux classes, et quatre classes supplémentaires seront créées dans l’élémentaire. L’espace restauration sera également agrandi. Le début des travaux est prévu pour l’été 2019.

Un portrait vidéo des Dervallières

Fin janvier 2017, l’émission Chez vous a décidé de consacrer un reportage au quartier des Dervallières. Au fil des cinq épisodes, la journaliste s’intéresse à ce qui fait l’identité du quartier, et à ce qui le fait vivre. Au-delà des clichés et des jugements trop rapides, ces vidéos permettent de comprendre l’attachement des Nantais à ce quartier malgré les difficultés qu’il peut traverser, et l’attractivité qu’il recèle.

  1. « Pour commencer notre visite, nous avons rendez-vous dans l'une des associations qui maille ce territoire. Il s'agit de Fête le Mur. »
  2. « Aujourd'hui, nous partons en balade dans les endroits préférés d'Alexandra, habitante du quartier. »
  3. « Dans cet épisode, nous avons rendez-vous à la Fabrique. Véritable laboratoire artistique, il permet à des associations de disposer de locaux pour travailler, créer et construire. On vous emmène faire un tour des lieux. »
  4. « Chez Vous part aujourd'hui à la découverte de l'immeuble Watteau. Ce building emblématique des Dervallières connait une réhabilitation depuis 2014. On fait le point avec les habitants. »
  5. « Pour finir, direction la maison de quartier qui va fêter ses 50 ans cette année. Au fil des années, cet endroit est devenu une véritable institution. »

Sources :

[ En Résumé ]

Bouleversé cet été par des violences urbaines, le quartier des Dervallières se relève, cinq mois après, avec une ferveur nouvelle. Après une première phase de rénovations urbanistiques dans les années 90, et une seconde amorcée en 2006, le quartier va connaître des transformations d’une nouvelle ampleur dès 2019. Nouveau pôle santé, extension de l'école des Châtaigniers, avenir de la place centrale... La maire de Nantes a détaillé ce lundi 10 décembre les projets destinés à améliorer durablement la vie quotidienne des habitants du quartier. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il se prépare entre les tours un renouveau urbain de nature à exprimer sans délai le potentiel réel du quartier.

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