Les personnalités emblématiques de Nantes

SOMMAIRE

Du Moyen-Âge à nos jours, Nantes a vu naître ou simplement vivre des personnalités qui ont su marquer l’histoire de la ville en raison de leurs actions et de leurs créations.

Les Nantais d’origine

Anne de Bretagne

[File:BNF - Latin 9474 - Jean Bourdichon - Grandes Heures d'Anne de Bretagne]

Figure emblématique de Nantes, Anne de Bretagne est la fille du roi François II. Elle née en 1477 et hérite ou acquiert - grâce à ses mariages - les titres de :

Dans un premier temps, Anne se voit mariée à l’empereur Maximilien Ier dans l’optique d’évincer du duché le roi de France Charles VIII. Toutefois, il lui faudra également épouser ce dernier en 1491. Ce mariage est une une union personnelle entre couronnes. Le contrat de mariage établit qu’il a lieu “pour assurer la paix entre le duché de Bretagne et le royaume de France”. Au cours de la cérémonie? qui se tient dans le château de Langeais, Charles VIII devient le procureur perpétuel de Anne. De cette union naîtront six enfants : aucun ne survivra.

Veuve en 1498, Anne redevient duchesse de plein droit et négocie âprement son mariage avec le successeur de Charles VIII : Louis d’Orléans, son cousin. Celui que l’on nomme Louis XII est néanmoins un allié, ami et ancien prétendant de la reine. Aussi, cette nouvelle union se déroule dans des conditions totalement différentes de la précédente : le contrat de mariage reconnaît à l’épouse l’intégralité des droits sur la Bretagne. Elle est donc la seule héritière du duché et du titre de “duchesse de Bretagne”. Le couple donnera naissance à huit enfants : seules deux filles survivront.

La deuxième fille, Renée, est déshéritée en faveur de Claude, son aînée. Au départ Claude est fiancée à Charles de Luxembourg dit Charles Quint - petit-fils de Maximilien Ier - afin de faciliter les opérations de la troisième guerre d’Italie en favorisant l’alliance espagnole. Cependant, l’engagement est rompu pour éviter que le royaume ne tombe en dehors de l’influence d’Anne et Louis. Par la suite, Renée se marie avec le cousin et héritier légitime de Louis XII : François d’Angoulême, qui prendra le nom de François Ier.

Insatisfaite de cette union, Anne de Bretagne débute un “tour de Bretagne” (le “Tro Breizh”) en guise d’affirmation de sa souveraineté sur le duché. Entre juin et septembre de l’année 1505, ses vassaux la reçoivent avec beaucoup de faste. Anne profite de ce voyage pour contrôler la collecte des impôts et se présenter à son peuple au cours de festivités, de pèlerinages et de visites remarquées dans les villes du duché.

La reine meurt le 9 janvier 1514 dans le château de Blois. Son corps est divisé selon les rites de la dynastie capétienne. Aussi, son cœur, ses entrailles ainsi que ses ossements sont conservés dans des sépultures opulentes. Cette partition corporelle rend possible de multiples cérémonies, en des lieux distincts.

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Les funérailles d’Anne de Bretagne ont lieu au sein de la nécropole royale de la basilique Saint-Denis. Elles inspireront, par leur ampleur et leur durée, toutes les cérémonies funéraires royales jusqu’au XVIIIème siècle. De cette cérémonie, l’on retiendra le désormais célèbre cri funèbre prononcé par Pierre Choque, alors héraut d’armes : “La reine est morte ! la reine est morte ! la reine est morte !”.

Le cœur d’Anne de Bretagne, à l’époque placé dans un reliquaire d’or rehaussé d’émail et conservé en la chapelle des Carmes, sera ensuite déplacé dans la cathédrale Saint-Pierre de Nantes, pour finalement être acquis par le musée du château des ducs de Bretagne, qui prête l’objet à d’autres lieux d’exposition. C’est d’ailleurs au cours d’une d’une présentation au musée départemental Thomas-Dobrée que l’écrin sera dérobé dans la nuit du vendredi 13 avril au samedi 14 avril 2018. Pièce d’une valeur inestimable, l’objet funéraire d’orfèvrerie est retrouvé sept jours plus tard. La paternité du joyau est actuellement débattue et déterminera qui de la ville de Nantes ou du Conseil départemental de Loire-Atlantique pourra exposer de nouveau le cœur de la reine.

Inscription figurant sur l’une des faces extérieures du reliquaire :
“En ce petit vaisseau
De fin or pur et munde
Repose ung plus grand cueur
Que oncque dame eut au munde
Anne fut le nom delle
En France deux fois royne
Duchesse des Bretons
Royale et Souveraine.
M VC XIII “

Jules Verne

Écrivain majeur de son siècle, Jules Vernes naît à Nantes en 1828. Véritables classiques de la littérature, ses ouvrages comme “De la terre à la lune”, “Le tour du monde en quatre-vingt jour” et “Vingt-milles lieues sous les mers” ont marqué l’histoire de la science fiction. Dans les écrits de Jules Verne se dévoile toute une époque, marquée par les progrès et les découvertes scientifiques : début de l’électricité, invention du téléphone et du télégraphe, mise en marche du chemin de fer et des machines à vapeur, etc.

Félix Nadar, Portraits Jules Verne (restauration)

Ainé d’une fratrie de cinq, Jules Verne poursuit une carrière juridique à Nantes puis à Paris, dans la lignée de son père. Au cours de cette période, il écrit déjà quelques poèmes. Sa rencontre avec Alexandre Dumas, père et fils, fait grandir en lui l’envie de devenir écrivain. Par leur biais, il arrive à mettre en scène “Pailles rompues”, une comédie qui connaît le succès au Théâtre-Historique. Il abandonne le métier d’avoué (officier ministériel, auxiliaire de justice) et devient secrétaire du Théâtre Lyrique dès 1852.

La rencontre de Jules Verne avec l’éditeur Hetzel sera déterminante pour la suite de sa carrière. Avec son aide, il publie le premier volume des “Voyages extraordinaires” qui marque le début d’une collaboration fructueuse donnant lieu à 53 autres volumes. Par la suite, Jules Verne rédige “Paris au XXème siècle” qu’Hetzel ne publiera pas ainsi que “Voyage au Centre de la Terre” qui sort en 1864. “De la Terre à la Lune” est édité en feuilleton dans Le Journal des Débats au cours de l’année 1865.

“Les objets extérieurs ont une action réelle sur le cerveau. Qui s’enferme entre quatre murs finit par perdre la faculté d’associer les idées et les mots. Que de prisonniers cellulaires devenus imbéciles, sinon, fous, par le défaut d’exercice des facultés pensantes”.
Jules Verne, Voyage au Centre de la Terre, 1864

De son vivant, Jules Verne parvient à faire publier 62 romans parmi lesquels :

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Après sa mort, ce sont 12 manuscrits qui seront remaniés par son fils, Michel Verne, puis publié dans le respect du rythme de publication d’un ou deux volumes par an : Aventures de la famille Raton, La Chasse au météore, Le Phare du bout du monde, Une ville saharienne, etc.

Outre ces romans, Jules Verne est également à l’origine de quelques oeuvres théâtrales (Monna Lisa, Monsieur de Chimpanzé, Un fils adoptif, etc), œuvres de jeunesse (Un drame au Mexique, Un drame dans les airs, L’Oncle Robinson, etc), essais et ouvrages historiques (La conquête scientifique et économique du globe, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, etc) ou encore poèmes et chansons (Connaissez-vous mon andalouse ?, La Fille de l’air, À la morphine ; Berceuse, Chanson scandinave, etc).

Aujourd’hui considéré comme le père de la science-fiction française, Jules Verne laisse profusion d’œuvres derrière lui. Parfois considéré comme un écrivain pour enfant, l’auteur est en réalité un visionnaire doté d’un esprit à la fois scientifique et philosophique.

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Aristide Briand

Homme politique et diplomate français, Aristide Briand naît à Nantes en 1862. Après des études de droit réalisées à Saint-Nazaire, il exerce la profession de clerc de notaire. En 1886, il devient avocat stagiaire au barreau nazairien. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Fernand Pelloutier, syndicaliste libertaire. Il s’engage alors en politique et rencontre Eugène Courroné, alors directeur du journal “La Démocratie de l’Ouest”.

Pendant son mandat de directeur politique de l’ “Ouest Républicain”, Aristide Briand se mobilise auprès des radicaux-socialistes. En 1888, il est élu conseiller municipal de la ville de Saint-Nazaire, fonction dont il démissionne moins d’un an plus tard.

Fervent partisan de la grève générale, Aristide Briand fonde en 1901, avec Jean Jaurès devenu son ami, le parti socialiste français. En 1902, l’homme entre à la Chambre des députés où il sera un charismatique rapporteur de la loi de séparation des Églises et de l’État (1905). Il devient ministre de l’Instruction publique un an plus tard, prélude à une carrière politique pleine de succès : il est nommé ministres à 23 reprises et président du Conseil 11 fois à compter de 1909.

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Au cours de l’entre-deux-guerres, Aristide Briand se présente comme une figure emblématique de la diplomatie : il intervient en faveur du rapprochement franco-allemand et de la paix en Europe. De ce fait, il est récompensé en 1926 par le prix Nobel de la paix au même titre que Gustav Stesemann, homme d’État allemand avec qui il collabora aux accords de Locamo.

Éric Tabarly

Officier de Marine et navigateur français, Éric Tabarly naît à Nantes le 24 juillet 1931. Il est connu pour avoir mis fin à la domination des Anglais dans les courses océaniques. Il a notamment remporté l’Ostar en 1964 ainsi qu’en 1976. Par la suite, il se fait formateur de coureurs océaniques et participe, grâce à ses victoires, à la renommée des activités nautiques à l’échelle de la Bretagne et de la France.

“Je ne suis ni misanthrope, ni misogyne, ni marginal, et (...) je m'intéresse à la vie de notre planète. Mais le bateau est vraiment le seul domaine qui me captive, qui alimente mes idées novatrices.”
Éric Tabarly

Éric Tabarly a marqué plusieurs générations de navigateurs et de coureurs de haute-mer :

En participant activement à la conception de voiliers de compétition, Éric Tabarly écrit une page de l’histoire de l’architecture maritime. Il applique à l’hydrodynamique ses connaissances en aérodynamique, dues à une formation de pilote.

En 1996, le navigateur se fait militant et refuse le transfert du musée national de la Marine du Palais de Chaillot vers la porte Dorée. Ses revendications aboutissent : le musée de la Marine demeure au Palais Chaillot. Le musée des arts premiers, qui devait le remplacer à l’initiative de Jacques Chirac, est finalement construit sur le quai Branly.

À Nantes, le pont Éric-Tabarly rend hommage au navigateur : il est construit sur le bras de la Madeleine, versant nord de la Loire. Depuis juin 2011, l’édifice permet de relier l’Île de Nantes au quartier Malakoff.

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Dimitri Armand

Né le 24 novembre 1982, Dimitri Armand est un dessinateur nantais. Il est notamment connu pour avoir illustré la bande dessiné Bob Morane, héro imaginé par le romancier belge Henri Vernes. Il est ainsi le sixième artiste à représenter graphiquement Bob Morane après :

Il est aussi le premier Nantais à décrocher ce privilège. Il a collaboré aux tomes 1 et 2 de Bob Morane Renaissance : “Les Terres rares” et “Le Village qui n’existait pas”.

Dimitri Armand fait ses débuts dans le milieu de la bande dessinée en 2006 avec un diptyque intitulé “Salamandre” qui met en scène des magiciens alliés au gouvernement. Il confirme son succès avec “Angor”, qui met en scène trois adolescents désireux de se libérer des impératifs de leur caste au sein d’un royaume traditionaliste. L’illustrateur se dit inspiré par les travaux de l’italien Enrico Marini mais aussi, par ceux du mangaka japonais Yukito Kishiro.

Actuellement, il participe à de nombreux festivals spécialisés tels que le festival d’Angoulême, le festival CrayoNantes ou encore le festival de Rouans.

C2C

Groupe de musique composé de quatre DJs nantais, C2C signifie “Coups 2 Cross”, qui réfère au crossfader, l’élément central de la platine. Créée en 1998, la bande comprend 20Syl (Sylvain Richard), Greem (Guillaume Jaulen), Hocus Pocus, Atom (Thomas Le Vexier) et Pfel (Pierre Forestier).

By Simon Bonaventure (Flickr: C2C @ le Chabada) [CC BY-SA 2.0]

Les quatre jeunes hommes se rencontrent au lycée Saint-Stanislas de Nantes. Avant de connaître leur succès musical, ces amateurs de skateboard décrochent quatre fois le titre de champion du monde par équipe du Disco Mix Club (DMC).

Greem et 20Syl sont les membres fondateurs d’Hocus Pocus, un groupe de jazz rap dont ils sont respectivement MC et compositeur. De leur côté, Pfel et Atom forment Beat Torrent.

En 2010 le groupe se reforme et sort un extended play en 2012, “Down the Road”. Il sera suivi d’un album intitulé “Tetr4”. Entre-temps, les artistes se produisent dans les grands festivals français comme celui des Vieilles Charrues, qui se tient chaque année à Carhaix-Plouguer dans le Finistère.

En 2013, C2C décroche quatres titres aux Victoires de la musique :

Le groupe se lance la même année dans une tournée des Zénith de France, qui, pour bon nombre, affichent “complet”. C2C est également convié à se produire en Allemagne ainsi qu’au célèbre festival américain “Coachella”.

Plus discrets ces dernières années, les membres du groupe se concentrent sur leurs projets individuels.

Christine and the Queens

Héloïse Letissier dit Christine and the Queens et plus récemment “Chris”, est une chanteuse, auteur-compositrice-interprète et pianiste française. Elle naît le 1er juin 1988 à Nantes et connaît un succès phénoménal dès la sortie de son premier opus intitulé “Chaleur humaine”. En 2015, elle est nommée cinq fois aux Victoires de la Musique.

By Feast of Music [CC BY 2.0] / Wikimedia

L’artiste grandit dans la commune de Saint-Sébastien-sur-Loire, située en périphérie nantaise où elle est initiée au piano ainsi qu’à la danse classique et au modern jazz. Ses études secondaires ont lieu au lycée Clemenceau de Nantes. Puis la jeune femme emménage à Paris où elle suit un cursus littéraire au lycée Fénelon. C’est en 2008 qu’elle intègre l’École normale supérieure en études théâtrales tout en suivant des cours au Conservatoire d’Art dramatique.

Après une rupture sentimentale, elle se rend en Angleterre et fait la rencontre de drag queens qui inspirent ses créations futures. Son projet artistique mêlant vidéo, musique, dessin, photographie et danse, prend forme à Londres en 2010.

Le Vanity Fair la considère comme la “Française la plus influente au monde”. Outre le succès de ses compositions musicales et de ses shows millimétrés inspirés de Mickaël Jackson, son pouvoir provient certainement de son courage vis-à-vis de ses convictions personnelles. En effet, depuis quelques années, la chanteuse revendique le droit de ne pas avoir un genre ni une sexualité définis. À ce titre, l’artiste peut être définit comme “pansexuelle”. En 2018, elle décide de raccourcir son pseudonyme pour devenir “Chris and the Queens”, ce qui vient confirmer ses déclarations.

“C'est vrai que la reconnaissance donne de la force (...) mais la puissance vient aussi en devenant une artiste de scène, on découvre qu'on a une vie d'athlète, qu'on est un performeur, développe la chanteuse. Il y a des gestes de libération aussi : on coupe les cheveux, on tombe la veste, on a un prénom plus court qui claque dans la rue. On est libre, on s'allège".
Chris and the Queens

Les Nantais d’adoption

Joseph Fouché

Aussi connu sous le nom de “Fouché de Nantes”, Joseph Fouché est un homme politique né au Pellerin, près de Nantes, en 1759. Il est resté dans l’histoire en raison de sa virulence vis-à-vis de l’insurrection lyonnaise au cours de la Révolution. Il a également occupé le poste de ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat et l’Empire.

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Fils d’un officier de Marine, Joseph Fouché se destine premièrement à l’enseignement. Aussi, il occupe le poste de professeur à Saumur, à Vendôme, à Juilly ou encore à Arras. C’est dans cette dernière ville qu’il rencontre Robespierre.

En 1792, de retour à Nantes, il est élu député de la Loire-Inférieure où il vote, avec les Montagnards, l’exécution du roi. En mission dans l’Ouest et le Centre, il se conduit comme un partisan motivé par l’esprit révolutionnaire. Il organise d’ailleurs la Garde nationale à Nantes et emploie des volontaires contre les vendéens. Renié par Robespierre, il participe à la disgrâce de ce dernier.

Sous Bonaparte, il cumule la direction de la police et de la gendarmerie. Toutefois, suite à l’attentat de la rue Saint-Nicaise (1800), au cours duquel Joseph Fouché contredit les théories de Bonaparte, son ministère est supprimé par ce dernier. Il devient néanmoins sénateur puis de nouveau, ministre de la Police sous l’Empire. En 1808, il devient comte d’Empire. En 1809, il acquiert le titre de duc d’Otrante.

Sa proximité avec la Grande-Bretagne lui vaut d’être destitué de ses fonctions en 1810. Toutefois, dès 1813, il se voit nommé gouverneur des Provinces Illyriennes. En 1814, il trahit l’Empereur avec le soutien de Murat. Il reprend en main le ministère de la Police lors des Cent-Jours malgré les soupçons qui pèsent sur lui, de complots avec les républicains. En 1815, il se rapproche du roi Louis XVIII en devenant son ministre. Il est nommé ambassadeur à Dresde afin de provoquer un éloignement avec les anciens émigrés qui s’en prennent à lui.

“Ensuite, je me rendis chez Sa Majesté : introduit dans une des chambres qui précédaient celle du roi, je ne trouvai personne ; je m'assis dans un coin et j'attendis. Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ; la vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît. Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur ; le féal régicide, à genoux, mit les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains du frère du roi martyr ; l'évêque apostat fut caution du serment.”
François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe

Joseph Fouché termine sa vie exilé en tant que régicide en raison de la loi du 12 janvier 1812. En effet, il avait voté la mort du roi Louis XVI tout en acceptant une fonction à la cour. Il décède à Trieste en 1820 après avoir tenté de justifier ses choix politiques par la publication d’un plaidoyer qui ne sera pas entendu. En 1824 paraissent des Mémoires dont l’authenticité a été mise en cause par la famille de Fouché. Des travaux plus tardifs tendront à prouver cette authenticité.

Julien Gracq

Louis Poirier, qui deviendra, en raison de ses écrits, le célèbre Julien Gracq, naît en 1910 dans le Maine-et-Loire. Au début de ses études secondaires, il est envoyé à Nantes où il devient interne du lycée Georges-Clemenceau. “Le Rouge et le Noir” de Stendhal lui insuffle un esprit de révolte qu’il conservera tout au long de sa vie.

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Au cours de sa scolarité nantaise, Louis Poirier se démarque en obtenant sept fois le prix d’excellence, trois autres prix et deux accessits au concours général. Il reste à ce jour l’élève le plus récompensé de l’établissement. C’est sans surprise qu’il est reçu au baccalauréat avec la mention “Très bien”. Par la suite, il suit les cours de philosophie d’Alain au Lycée parisien Henri-IV. Parallèlement, il prend des cours à l’École libre de sciences politiques dont il sort diplômé en 1933. Son intérêt pour la géographie et l’histoire l’amène à devenir agrégé dans ces disciplines. Il devient professeur à Nantes, dans son ancien lycée, puis à Quimper.

En 1937, l’homme se rend en URSS pour rédiger une thèse en géographie. Malheureusement, il n’obtient pas le visa nécessaire. C’est alors qu’il se lance dans l’écriture d’un ouvrage qui sera son premier roman : Au Château d’Argol. Aussi est-il considéré comme un écrivain tardif dans la mesure où son talent se révèle à l’âge adulte. Le livre connaît le succès en dépit de sa diffusion restreinte : André Breton, notamment, lui accorde une grande importance et précisera à son sujet : “[...] le surréalisme se retourne librement sur lui-même pour se confronter avec les grandes expériences sensibles du passé et évaluer, tant sous l'angle de l'émotion que sous celui de la clairvoyance, ce qu'a été l'étendue de sa conquête”.

C’est à cette période que Louis Poirier prend le pseudonyme qu’on lui connaît. Cela lui permet de maintenir une séparation entre son métier de professeur et sa pratique de l’écriture. Parmi ses oeuvres, l’on peut notamment citer “Un beau ténébreux”, “La Littérature à l’estomac”, “Un balcon en forêt”, “Autour des sept collines” ou encore “Les Terres du couchant”. Dans les années 1970, Gracq abandonne les romans de fiction pour se consacrer à un mélange de textes composé de passages autobiographiques, de réflexions au sujet de la littérature et de contemplations géographiques.

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Ce n’est qu’à partir des années 1980 que Julien Gracq bénéfice de la reconnaissance de l’institution universitaire puis du milieu littéraire. L’auteur est l’un des rares à être publié de son vivant dans la collection de La Pléïade, en 1989 ainsi qu’en 1995.

Lorsque Julien Gracq meurt en 2007, la presse lui rend unanimement hommage. Selon ses dernières volontés, la Bibliothèque nationale hérite de la totalité de ses manuscrits. Les œuvres de l’écrivain sont actuellement traduites en vingt-six langues, étudiées dans de nombreux colloques universitaires et présentés au concours de l’agrégation.

Jacques Demy

Né le 5 juin 1931 à Pontchâteau, en Loire-Atlantique, Jacques Demy est un réalisateur, scénariste, dialoguiste, parolier, producteur et acteur connu pour avoir réalisé les fameuses comédies musicales :

Il passe son enfance à Nantes, dans le garage de son père, qui le destine à la même carrière que lui. Dès 1945, il entre à l’école Leloup-Bouhier de Nantes : il y obtient un Brevet d’études industrielles ainsi qu’un CAP de mécanicien garagiste.

Néanmoins, ses moments de liberté sont dédiés à la pratique artistique. En effet, le jeune Demy suit des cours à l’école nantaise des Beaux-Arts. Il y fait la rencontre de personnalités influentes pour sa carrière, comme Jacqueline Moreau d’Ancenis, qui deviendra sa costumière. Aussi, son père accepte finalement de le laisser vivre sa vocation, sur les conseils du cinéaste Christian-Jaque, de passage à Nantes.

En 1949, soutenu par Christian-Jaque, le cinéaste en herbe prend des cours à l’École technique de photographie et de cinématographie de la rue Vaugirard. Au retour de son service militaire, il travaille dans le cinéma d’animation avec Paul Grimault, pour lequel il réalise des films publicitaires, notamment pour la marque Lustucru.

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À compter de 1953, il s’oriente davantage vers le cinéma documentaire. Il devient rapidement l’assistant du documentariste Georges Rouquier et parvient à faire produire “Le Sabotier du Val de Loire”, dont il avait écrit le scénario. Le film obtient un fort succès dès sa sortie en 1956. À la même période, il tourne également “Le Mariage de Monaco”, qui relate le mariage de Rainier III avec l’actrice Grace Kelly.

En 1958, Jacques Demy rencontre Agnès Varda, qui partage sa passion pour la réalisation : elle deviendra sa femme en 1962. Après la mort du cinéaste en 1990, cette dernière lui rend hommage dans ses films comme “Jacquot de Nantes”, “Les demoiselles ont eu 25 ans” ou encore “L’Univers de Jacques Demy”.


Plusieurs villes ont considéré le talent de l’artiste en nommant "Jacques Demy" :

Histoire de Nantes