Îlink, une résidence conçue par ses futurs habitants !

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Avatar Gilles VIDOTTO Gilles Vidotto

le 07 décembre 2018

[ mis à jour le 08 novembre 2022 ]

SOMMAIRE

La ville de Nantes vient de se voir remettre le Prix Logement Smart Cities, parrainé par la Fédération des promoteurs immobiliers, pour son initiative Îlink. Lancés l’an dernier par le journal La Tribune, ces prix viennent récompenser les collectivités locales qui mettent en place des initiatives innovantes pour construire et développer les villes de demain, ainsi que les partenaires qui les accompagnent dans la construction de ces projets.

En gestation depuis 2012, le projet immobilier neuf à Nantes Îlink pousse à l’extrême le concept d’habitat participatif. Impulsée par la Samoa (Société d’aménagement de la métropole ouest Atlantique), l’aménageur de l'île de Nantes, et le promoteur Quartus, la consultation pour la construction de cet îlot pilote au sein du quartier Prairie-au-Duc a été confiée à Scopic, agence spécialisée dans la communication et la concertation.

Si le concept d’habitat participatif est déjà bien connu, notamment à Nantes, où il est activement encouragé par la Métropole, il se résume classiquement à la conception par plusieurs foyers de leur groupe de logements. Ici, les futurs habitants et usagers auront été impliqués durant six à sept ans, au lieu des trois ou quatre habituellement nécessaires pour ce type de programme.

De quoi concevoir un lieu de vie sur mesure, optimisé dans son organisation comme dans ses usages, et surtout adapté à ceux qui vont y vivre. Au sein de ce nouvel écoquartier de la Prairie-au-Duc, qui n’a pas encore fini de sortir de Terre, entre le Hangar à bananes et les Nefs, vient donc d’être inauguré le plus grand laboratoire urbain du genre, lieu de vie, de travail et de loisirs mais aussi terrain d'expérimentation destiné à élaborer la ville de demain.

Bâtiment phare de ce quartier fabriqué de toutes pièces, Îlink a accueilli pour son inauguration vendredi 9 novembre, en plein cœur des chantiers, une rencontre professionnelle organisée par la Samoa sur le thème « Comment concilier la pérennité et l’adaptabilité de ces espaces ? ». Ses concepteurs promettent donc à ce projet un longue vie, riche et dense des aléas et des évolutions de celle de sa population.

Nantes réaffirme ainsi avec Îlink les idées fortes qui dirigent son urbanisme : refus de la ville générique, et émergence de la communauté habitante comme créatrice d’un urbanisme aimable issu d’un contexte local.

Une nouvelle façon d’aborder la promotion immobilière

De l’émergence de l’idée à l’inauguration d’Îlink, il aura fallu pas moins de sept ans. Alors, de quoi s’agit-il ? Sur le papier, la description ressemble à n’importe laquelle des opérations de promotion immobilière ambitionnant de créer une résidence mixte :

La différence, c’est qu’ici, les futurs occupants et personnes intéressées par le projet ont mené une réflexion importante depuis les débuts du projet en 2012, en lien étroit avec l’ensemble des acteurs (opérateurs, architectes, aménageur, futurs usagers...). Et pour ériger cet ensemble immobilier d’un nouveau genre au cœur de l'île de Nantes, il a fallu multiplier les idées et les énergies de chacun pour faire de l’émulation collective le moteur du projet.

Une méthode originale : la maîtrise d’usage

Inspirée des pratiques de l’urbanisme participatif, la maîtrise d’usage est un processus de conception tourné vers l’expérience et l’expertise de l’utilisateur, servant traditionnellement à concevoir des produits et services adaptés aux usages de leurs utilisateurs.

Choisir la démarche de maîtrise d’usage dans le cadre d’une opération immobilière consiste donc à reconnaître l’usager comme expert de son quotidien, à le positionner au cœur du processus de conception et à le rendre acteur de ce processus : c’est une manière d’exploiter dans son propre intérêt l’expertise habitante du futur usager. Pour y parvenir, cette démarche se fixe deux missions principales : organiser la concertation et imaginer les usages du futur quartier. Une méthode approuvée et applaudie par la Maire de la Ville, très engagée sur le terrain de la concertation citoyenne.

« Convaincue que les habitants sont les premiers experts de la ville, que le dialogue citoyen est essentiel pour co-construire ensemble la ville, Îlink est un bon exemple de la ville innovante, de la smart city qu'est résolument Nantes.»
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole

Le recours à cette méthode semble répondre à un constat évident : qui peut, en effet, mieux imaginer le cadre de vie d’un futur habitant que ce futur habitant lui-même ? Scopic, agence conseil, a permis aux futurs habitants de co-concevoir leur résidence à leur image, en assurant le suivi et l’animation de la concertation autour du projet. Mais ce n’est en fait qu’en tant que future usagère que l’agence a imaginé faire d’Îlink le fruit d’une démarche collaborative de grande ampleur.

Une concertation géante initiée au hasard des premiers échanges

Au départ, Scopic projetait simplement de s’installer dans l’un des bâtiments d’Ilink. « On a constitué un groupe de futurs usagers des bureaux, en fédérant une quinzaine de boîtes, raconte Gildas Maquaire, le directeur de Scopic. On discutant, on a réalisé qu’on était nombreux à avoir besoin d’une salle de réunion. Mais pas en même temps. On pouvait donc la mutualiser. Comme on n’était pas là le week-end, on pouvait la mettre à disposition des habitants. » La question s’est alors posée de savoir comment passer le relai. Comment mutualiser les espaces en toute intelligence ? « A ce moment-là, on s’est dit : et si on ouvrait une conciergerie ? De fil en aiguille, on a compris qu’on pouvait comme ça livrer toute une vie de quartier. »

C’est ainsi que Scopic a contacté les futurs propriétaires des logements. Et ainsi que s’est tissé l’ambitieux projet, au fil des rencontres et des ateliers de conception d’Ilink. « On a réinterrogé les façons de faire et abordé les problématiques par l'usage », se sont accordés à résumer les multiples parties prenantes du projet (les promoteurs Quartus, Vinci Immobilier et Adim Ouest, le bailleur social Harmonie Habitat et l'agence conseil Scopic). Au final, entre les multiples workshops, expérimentations et consultations, l'accouchement de ce « village urbain » de 187 logements, commerces et bureaux où se croiseront 500 habitants et 500 actifs a été « tout sauf un long fleuve tranquille », ont-ils confié en cœur.

Créée spécifiquement pour mener la maîtrise d’usage dans le cadre de la conception du programme immobilier îlink, îlink association a mis en œuvre aux côtés de Scopic une démarche de recherche-action innovante et participative, visant à interroger et penser les futurs usages de ce nouveau quartier nantais.

Du lien social en amont de l’emménagement

C’est un résultat qui pourrait sembler un strict effet collatéral de la démarche, mais qui s’inscrit en réalité à l’épicentre de son intérêt et de son efficience. Après tout ce temps de concertation, d’élaboration et de rêve en commun, les futurs voisins se connaissaient avant même d'avoir pris possession des lieux. À l’heure où les villes déplorent une distension croissante du lien social et un délitement du commun, c’est un fruit précieux qui est donc né de cette maîtrise d’usage.

« Cette forte attention accordée à l’humain nous a particulièrement séduits, confirme Karan Mersch, copropriétaire. On se sent vraiment impliqués. Et puis ça permet de tisser des liens avec ses futurs voisins bien avant l’emménagement. » L’une des ambitions majeures du projet est donc devenue celle-ci : livrer des surfaces habitées plutôt que des surfaces habitables, en préparant collectivement, avec les futurs usagers et avant même que les bâtiments ne sortent de terre, la vie qui s'y installera.

Mixité et modulabilité

Une mixité d’usages

Si dans les années 70, on appelait ça vivre en communauté, dans la smart city de 2018, on appelle ça « faire la ville par les usages » en « développant les mutualisations » et « en déployant des espaces partagés » dans une « épaisseur programmatique », mais le sens reste peu ou prou le même. Sur une surface de 22.000 m², Îlink va proposer une multiplicité de lieux mutualisés à usages variés et d’activités temporaires ou permanentes destinées à évoluer au rythme des besoins et des envies des usagers et des habitants. Au sein de ce vaste projet, on devrait ainsi pouvoir trouver :

Et en plein cœur d’Îlink, un lieu particulier centralisera quant à lui une foule de services et d’activités, pour que la vie en commun dans ce futur « village urbain » puisse s’organiser, se discuter, et prendre son ampleur en toute harmonie.

Au cœur de ce village urbain : la conciergerie

Au cœur de ce village conçu pour être partagé et mutualisé, installé dans l’un des rez-de-chaussée, un concept novateur qui fait déjà la fierté du lieu : La Conciergerie. Testée et approuvée sous sa forme prototype depuis 2016, cette « concierge du XXIe siècle » vise à assurer le lien entre les habitants et avec les usagers, en se faisant un lieu d’échange, de réunion, et de mise en commun des services comme des informations. Si tout va comme prévu, cette Conciergerie 2.0 devrait devenir le QG du quartier. D’autant que d’après les propositions retenues, et en attendant celles qui ne manqueront pas de venir, elle pourrait centraliser un grand nombre de services de proximité et d’activités en tous genres :

Plusieurs autres commerces ou centres d’activités devraient également voir le jour dans le périmètre : un centre dédié à la santé et au bien-être, avec consultations de médecines alternatives, activités physiques douces, restauration et boutique, etc.

Une mixité sociale innovante

Îlink, c'est un lieu de vie où l'on se rencontre et où l'on échange nécessairement, la plupart des espaces pouvant être mutualisé devenant collectifs. Et puisque les propriétaires, locataires et travailleurs de cet îlot se sont déjà rencontrés dans la phase de concertation, les relations de voisinage ont préexisté à la livraison des bâtiments. Cette combinaison de facteurs a pour effet de créer un lien et une mixité sociale assez inédits.

Cela tient à l’inversion de l’ordre traditionnel du processus de conception et de commercialisation. Comme l’a souligné Alain Bertrand, directeur adjoint de la Samoa : « Le plus souvent, on fait l’inverse. Le promoteur livre des T2, des T3, des T4 pour loger madame, monsieur et leurs deux enfants. Ensuite les gens viennent occuper les appartements. Là, la Samoa a décidé de prendre les choses par l’autre bout. En associant les futurs utilisateurs dès le début. »

Et autant dire qu’il n’est pas inutile aujourd’hui, à l’heure où la modification des structures familiales achève d’enterrer le modèle nucléaire, de concevoir des logements modulables et des services mutualisés. Familles recomposées, monoparentales, allongement de la durée de la vie, de l’âge du départ du foyer pour le jeune adulte… Îlink veut faire en sorte de briser l’isolement que les aléas familiaux et sociaux peuvent provoquer. Dans cette zone urbaine laboratoire, on partagera buanderie, ateliers de bricolage, chambre d’amis, salle polyvalente, jardin sur le toit, terrasses, parking… L’entraide et la mise à disposition de services mutualisés y sont pensées pour pallier les difficultés que rencontrent beaucoup d’urbains, facilement isolés par des situations économiques précaires et un individualisme sociétal croissant. Ainsi, Îlink entend refaire communauté au sein de la cité.

De même, sur le versant tertiaire, les entreprises les plus modestes auront également un accès privilégié aux locaux de l’îlot. L’opération prévoit en effet un plafonnement des loyers en rez-de-chaussée pour permettre aux petites structures de rejoindre le projet.

Pour toutes ces raisons, la maire de Nantes et présidente de la Métropole, Johanna Rolland, salue le progrès urbanistique et sociétal que constitue cette nouvelle manière de concevoir l’habitat ici expérimentée.

« Îlink est en effet plus qu'un projet immobilier ou architectural. C'est aussi un projet de vie, de vie de quartier, qui part des rêves, des envies, des espoirs des futurs habitants, des futurs occupants des lieux pour créer une véritable place de village du XXIe siècle.
Soutenu par Nantes Métropole, inauguré il y a quelques semaines, Îlink illustre pleinement pour moi ce que je souhaite pour Nantes demain : faire la ville autrement, une ville facile, une ville solidaire, une ville conviviale. Faire la ville autrement, ce n'est pas une belle formule, c'est une exigence et une ambition. »
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole

Sources :

[ En Résumé ]

Si le concept d’habitat participatif est déjà bien connu, notamment à Nantes, où il est activement encouragé par la Métropole, le projet immobilier Îlink a voulu lui donner une plus grande ampleur. Durant six à sept ans, les futurs habitants et usagers auront été impliqués dans la conception du bâtiment, en concertation avec les opérateurs, architectes, aménageur, et futurs usagers. Invités à imaginer les usages du futur quartier, ils ont mené une réflexion commune pour moduler et adapter le lieu à ces usages, replacés au départ du processus d’aménagement. Cette méthode, nommée « maîtrise d’usage », a été ici un véritable succès. Elle a permis de recréer du commun et du lien entre habitants, en amont même de leur emménagement. La constitution du lieu elle-même répond aussi à une carence en solidarité et en collectif de plus en plus prégnante dans nos sociétés, ainsi qu’à un besoin en services mutualisés de plus en plus courant depuis la dislocation des modèles familiaux traditionnels. Pour toutes ces raisons, ces opération immobilière expérimentale pourrait bien faire des émules.

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